L’année dernière, la 9e édition du festival jeunesse En Ribambelle ! avait failli être l’ultime, faute de financements suffisants. In extremis, les collectivités locales et l’État ont mis la main à la poche pour permettre à cet événement unique en son genre de perdurer. Mais la période post-Covid n’en finit pas d’être difficile pour les structures culturelles, l’inflation de leurs charges aggravant les choses, « et la situation budgétaire ne va pas s’améliorer », déplore Émilie Robert, directrice du Théâtre Massalia, à l’origine avec La Criée de la seule manifestation rassemblant autant d’acteurs de premier plan sur le territoire des Bouches-du-Rhône, depuis le Mucem à Marseille jusqu’au Comœdia d’Aubagne et La Colonne à Miramas, en passant par le Forum des jeunes et de la culture à Berre-L’Étang.
Rassurez-vous, la 10e édition aura bien lieu cette année, du 18 octobre au 18 novembre, avec toujours autant de soin accordé à la programmation par quatorze lieux fédérés, et une centaine de représentations proposées au jeune public. « Nous aurions voulu en faire un peu plus pour marquer cette date, mais les difficultés budgétaires et la complexité de coordonner un calendrier commun ne l’ont pas permis. » Ce sera donc un anniversaire à célébrer l’an prochain, si les perspectives s’éclaircissent. La présence de deux nouveaux partenaires parmi les structures accueillantes, l’Office Municipal de la Culture à La Fare-les-Oliviers et Les Bernardines à Marseille, est encourageante !
Une ribambelle de disciplines artistiques
Six mois, c’est vraiment très petit, mais on n’est jamais trop jeune pour apprécier la beauté. Stella Maris, conçu pour les tout-petits par la Cie Digital Samovar, les plongera dans un univers aquatique tout doux et poétique : du théâtre d’objets à savourer le 18 octobre au Théâtre de Fontblanche à Vitrolles. Un chouïa plus matures, ils seront sensibles au jeu de construction visuel et ludique de Tout est chamboulé, par la Cie En attendant (dès 1 an, au Mucem les 22 et 23 octobre et au Massalia les 26 et 27). Ou encore aux arts du geste : Direction le Nord, création 2023 de la Cie Piccola Velocità, leur propose un voyage sur la banquise, la danse permettant d’aborder avec subtilité la régression des glaces sous l’effet du changement climatique (à partir de 18 mois, le 21 octobre au Théâtre de Fos).
En grandissant, vers quatre ou cinq ans, le théâtre d’ombres produit tout son effet de fascination. Dans L’ombre des choses, du collectif Tangram, elles prennent carrément leur indépendance, se multiplient, jouent les insolentes avec la lumière (29 et 30 octobre au Massalia). Une discipline pratiquée aussi par Moquette Production, tout en humour et délicatesse (le 18 novembre au Théâtre de Fos) : La méthode du Dr Sponjiak vise à assagir une fillette douée pour les sottises. Un succès ? Suspens !
Plus grands encore, les enfants de sept ans et plus auront le choix des propositions. Ils se régaleront par exemple avec Antichambre, un film d’animation construit quasiment en direct par le tandem Stereoptik (à La Criée les 3 et 4 novembre). Gomme à la main, Romain Bermond et Jean-Baptiste Maille dessinent progressivement tout un paysage, support d’une belle histoire d’amour, sur une musique électronique également composée par eux : de quoi donner envie aux artistes en herbe de se lancer à leur tour dans le champ infini de la créativité !
GAËLLE CLOAREC
En Ribambelle !
Du 18 octobre au 18 novembre
Aubagne, Berre-l'Étang, Fos-sur-mer, Istres, La Fare-les-Oliviers, Marseille, Miramas, Port-de-Bouc, Vitrolles
festivalenribambelle.com
Soutenir la création
Cette année, les différents partenaires du festival ont eu à cœur de soutenir plus particulièrement un spectacle, Marjan, le dernier lion d’Afghanistan. Durant l’été 2021, qui a vu le retour des talibans dans leur pays, deux artistes afghans ont été exfiltrés et accueillis dans le sud de la France, où ils ont repris études et vie professionnelle. Abdul Haq Haqjoo et Farhad Yaqubi, tous deux comédiens-marionnettistes, ont élaboré avec la compagnie HdH – Hasards d’Hasards une pièce inspirée d’une histoire vraie, telle qu’elle leur a été racontée par Sher Agha, vieux gardien du zoo de Kaboul. Marjan, le lion, en est le héros, tout autant que la culture afghane, toujours debout malgré les soubresauts de l’Histoire avec un grand « H ».
G.C.
À voir dès 8 ans au Massalia, les 29 et 30 octobre.