Invité en résidence à La Tour d’Aigues par Les Nouvelles Hybrides, l’écrivain Marcus Malte
évoque quelques pans de sa bibliothèque idéale
Malicieusement, l’association Nouvelles Hybrides demande aux auteurs qu’elle invite en
résidence de choisir quatre auteurs dans une bibliothèque qui leur serait idéale. Exercice de
style auquel Marcus Malte s’est prêté, choisissant des œuvres « au sommet de la
littérature », dues à Cormac MacCarthy, Vladimir Nabokov, Jean Giono et Albert Cohen.
L’entretien, semé de lectures par les membres du groupe de lecture à haute voix des
Nouvelles Hybrides, avec la complicité du journaliste – et ex-rédacteur en chef du Ravi
–Michel Gairaud, permettait d’aborder ces monuments en cherchant à déceler leur influence sur l’écriture et les univers de Marcus Malte.
« Il n’a peur de rien, Albert Cohen »
Évoquant Cormac McCarthy, Marcus Malte s’exclame « avec ce genre de mec, ça va du très
bon au génial ! Méridien de sang fait partie des livres qui m’ont foudroyé. Tiré d’une histoire vraie, ce livre est d’une violence incroyable et d’une immense poésie ». Le point commun entre les quatre auteurs évoqués est indubitablement la force de leur style : « la plus grande partie du plaisir de lecture vient du style » insiste l’invité qui souligne le tour de force qui consiste à mêler plusieurs strates narratives dans Ada de Nabokov avec son « art de dire les choses sans les dire ». S’emparant ensuite du roman de Giono, Le hussard sur le toit, l’auteur de Qui se souviendra de Phily-Jo ? déclare son admiration : « Giono est un type qui est capable de nous emmener où il veut et de nous faire croire tout ce qu’il raconte, même si les faits sont tout autre, mais on est embarqués, mystifiés. Il y a la beauté, la dureté, ce qui est implacable dans la nature de même que chez les hommes. » Enfin, la palme du livre le plus drôle qu’il ait jamais lu revient à Mangeclous d’Albert Cohen, alliant satire politique, humour, esprit de la farce. « Il n’a peur de rien, Albert Cohen, il n’hésite pas à aller dans la grossièreté du trait.» Ce qui rend les auteurs fabuleux, c’est la conjonction entre un style et une histoire… la dernière jubilation en date de Marcus Malte, 2666 de l’auteur chilien Roberto Bolaño.
Rencontre organisée le 16 novembre par les Nouvelles Hybrides, à la bibliothèque de La Tour d’Aigues.