Depuis sa nomination en tant que directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Marseille, le jeune chef italien Michele Spotti était très attendu par le public de l’Opéra. Quelques jours après avoir assuré durant tout le mois de novembre la direction de Turandot à Bastille, le revoilà donc de retour à Marseille, et plus précisément à l’auditorium du palais du Pharo, pour son premier concert en tant que chef titulaire. Et qui plus est sur un programme ambitieux, assez éloigné du répertoire habituel de l’orchestre pour surprendre, et pourtant constitué d’œuvres passionnantes à jouer comme à entendre.
Des grands noms convoqués
Le concert s’ouvre sur la Pulcinella-Suite de Stravinsky, sorte de manifeste pour un retour aux fondamentaux après l’éclat du Sacre du printemps, pétri d’influences plus baroques que classiques, au premier rang desquels Bach et son art inégalé du contrepoint. Composée sous sa forme ballet pour orchestre et voix, la pièce redistribue dans sa version orchestrale le chant aux instruments et tout particulièrement au hautbois de l’impeccable Ivan Kobilskiy, très présent tout au long du concert, mais aussi au premier violon de Marcello Miramonti.
On s’aventure avec Richard Strauss et son Concerto pour hautbois vers les mêmes paysages mélancoliques : Bach semble avoir laissé la place à Mozart et à son sens des proportions, mâtiné de mélancolie. Le hautbois de l’impressionnant soliste Francesco di Rosa dialogue, comme c’est souvent le cas dans l’orchestre straussien, avec l’alto lyriquissime de Magali Demesse.
C’est enfin Beethoven que l’on croit entendre en remontant encore un peu plus loin, chez Schubert, dans cette Symphonie n°4 dite « La Tragique » pourtant bien moins déchirante que ses partitions ultérieures. L’orchestre déclame d’une seule voix cette œuvre de jeunesse rarement jouée, et pourtant très habitée. Avec une joie redoutablement communicative.
SUZANNE CANESSA
Concert donné le 3 décembre au Palais du Pharo, Marseille.