On pourrait la croire endormie, acculée par la domination musicale anglo-saxonne, et diluée par le désenclavement qu’offre aujourd’hui internet. Mais il n’en est rien, la vitalité de la chanson francophone demeure, peut-être plus que jamais, et Avec le temps en est un précieux exemple. Comme chaque année depuis 26 ans, le festival porté par la coopérative Grand Bonheur propose un mois de mars sous le signe de la chanson, avec plus d’une vingtaine d’artistes qui montent sur les scènes marseillaises, avec l’Espace Julien en vaisseau amiral.
Depuis quelques jours déjà, le rendez-vous a entamé son errance musicale avec son Parcours chanson qui met en avant la scène émergente dans des concerts gratuits. Un parcours à étapes qui a vu se produire Janela Word à la médiathèque Bonneveine ou Louise O’sman à la Bibliothèque du Merlan. Il se poursuit jusqu’au 20 mars, et il ne faudra pas louper la chanson poético-extravagante de Belvoir (16 mars, Brasserie Soiffe), ou le rock sensible de Sasha Vaughan (20 mars, bibliothèque du Panier).
Programme dionysiaque
Mais c’est ce vendredi 15 mars que le cœur du rendez-vous débute avec une douzaine de soirées-concerts. D’abord avec l’artiste réunionnaise Maya Kamaty qui créolise sa musique d’influence world, rap et électro, dans une cadence frénétique à découvrir à la Méson. Frénésie similaire le même soir au Makeda pour l’électro-urbaine de Thérèse, qui croque le monde dans ses morceaux, que ce soit dans la musique ou dans ses paroles tantôt rieuses tantôt puissantes. Le lendemain, un nouveau plateau féminin est proposé, cette fois à l’Espace Julien, avec la pop hypnotique et lyrique de Clara Ysé et la voix tout aussi hypnotisante de Blandine.
Les jours se succèdent, les talents aussi. On attend l’indie-rock des Canadiens de Grand Eugène (19 mars, Café Julien), la variet-pop de Aliocha Schneider qui assoie une belle notoriété avec son tubesque Ensemble, il y aura aussi l’artiste maison Fred Neché au Théâtre de l’Œuvre et la pop psyché de Walter Astral au Makeda. Enfin, s’ouvre le dernier week-end, qui accueille les plus grosses têtes d’affiche du rendez-vous. Le jeudi 21 c’est la pop-rap ultra originale de Zed Yun Pavarotti qui débarque à l’Espace Julien. Puis Dionysos, qui fêtent ses trente ans en revenant à son rock’n’roll originel. À côté des vétérans, se presse la jeune québécoise Lou-Adriane Cassidy et sa folk électrique. On finit en beauté avec Eddy de Pretto, qui s’est imposé – avec Zaho de Sagazan, Juliette Armanet et Clara Luciani – comme porte-étendard de la nouvelle scène musicale française.
À côté de la programmation musicale, Avec le Temps propose aussi des actions éducatives, comme le dispositif Rock in Vitrolles. Cette année, c’est le groupe marseillais Social Dance qui a accompagné pendant trois mois une classe de quatrième du collège Henri Bosco pour lui apprendre les « fondamentaux de la création, du chant et de la rythmique ». Ce travail donnera lieu à une restitution le 28 mars au Théâtre de Fontblanche.
NICOLAS SANTUCCI
Avec le temps
Jusqu’au 28 mars
Divers lieux, Marseille et Vitrolles
festival-avecletemps.com