La 19e édition des Rencontres à l’Echelle se tient à Marseille du 2 au 15 juin
Ces Rencontres sont unrendez-vous incontournable des amateurs de théâtre, danse, musique, cinéma et arts visuels de l’Afrique, du monde arabe et des diasporas.
Accueillis à la Friche la Belle de Mai, au Théâtre Joliette, à la Criée, au Zef, à Klap ou à la Librairie Les Sauvages, c’est à La Baleine que le festival débute avec la projection du Le Retour d’Aida de la cinéaste libanaise, Carol Mansour (voir ci-dessous).
Depuis leur création, les Rencontres se distinguent par un regard singulier sur le monde que porte leur fondatrice Julie Kretzschmar. Rigoureux, sans concession mais avec la volonté ferme de rester « sur la crête », position équilibrée et nuancée offrant l’occasion aux artistes internationaux de présenter leurs créations mais davantage encore de porter leurs voix, leurs gestes et leurs messages jusqu’à nous.
De l’identité mahoraise questionnée par Lil’C dans Shido, articulant gestuelle traditionnelle et danse contemporaine, à Smell of Cement de la chorégraphe égyptienne Eman Hussein, le geste est soigné, documenté et mobilise l’espace symbolique de nos imaginaires. La diversité des continents, des insularités comme des centralités y est respectée pour déployer toute la finesse des paroles situées.
Au programme
ALGERIA ALEGRIA de David Wampach et Dalila Khatir, célèbre par l’anagramme une Algérie contemporaine heureuse où s’affirment la joie, la fièvre et l’humour.
La puissance de la prose et de la dramaturgie des artistes contemporains en Haïti évoque le déracinement, la violence et la transmission. Héritières du soleil, de Gaëlle Bien-Aimé, metteuse en scène, autrice, comédienne offre l’opportunité d’entendre les textes de la romancière, Marie-Célie Agnant native d’Haïti et qui vit au Québec. Elle a publié une quinzaine d’ouvrages parmi lesquels, Le Livre d’Emma, qui évoque les épreuves endurées par les femmes esclaves dans les Antilles, et la difficulté d’aborder cet héritage encore aujourd’hui. Andrise Pierre, autrice de Elle voulait ou croyait vouloir et puis tout à coup elle ne veut plus, s’intéresse aux questions d’équité de genre, de droits des femmes et des enfants. L’occasion de revenir sur comment la France et Haïti sont unies par une relation indissoluble, fruit d’une longue histoire, où se mêlent le souvenir douloureux de la traite et de l’esclavage mais aussi un héritage commun forgé dans le même idéal républicain.
En langue béti, du peuple bantou, N’gângveut dire merci.Antonia Naouele nous le rappelle dans son solo sous forme de don aux femmes et à la culture camerounaise.
En proie aux normes masculines
Avec Thurayya de Tamara Saade actrice, autrice et metteuse en scène libanaise, nous allons à la découverte du récit initiatique d’une jeune étudiante. Dressing Room de Bissane Al-Charif, metteuse en scène syrienne, évoque le corps féminin et les transformations qu’il subit suite aux guerres et crises politique.
L’artiste plasticien Mohamed Bourouissa assemble et met en scène dans le texte écrit par Zazon Castro à partir de paroles de femmes recueillies en centre pénitentiaire, Quartier de femmes. Des récits évocateurs des marges et des exclusions mais qui n’oublie pas l’humour.
Avec l’exposition Les intruses de la photographe Randa Maroufi, ce sont les postures des femmes et les dynamiques sociales à l’œuvre dans les espaces publics qui sont questionnées. Cette exposition accueillie au Théâtre de la Criée sur proposition d’Ancrages, est produite par l’Institut des Cultures d’Islam.
Pour un temps sois peu de Laurène Marx est un seule en scène : l’œuvre de cette artiste trans non binaire s’attache aux thèmes de la normativité, du rapport à la réalité, de la neuro-atypie et de l’anticapitalisme.
Filles-Pétroles de Nadia Beugré invite à sonder la société ivoirienne : Anoura Aya Larissa Labarest et Christelle Ehou s’approprient des pas masculins, coupé-décalé, roukasskass, figures acrobatiques et font surgir leur quartier d’Abidjan.
Et aussi…
Ne manquez pas non plus les rencontres littéraires Premières secousses, autour des Soulèvements de la terre, à la librairie Les Sauvages. Et sur le toit terrasse de La Friche, programmé avec l’AMI, les musiques actuelles tanzaniennes s’illustrent par les boucles frénétiques de la house, avec Sisso & Maiko, précurseurs du mouvement Singeli, suivis par Missy Ness, élément important de la scène tunisienne alternative.
SAMIA CHABANI
Rencontres à l’échelle
Du 2 au 15 juin
Divers lieux, Marseille