On le sait, les conditions inhabituelles de cet été olympique chahutent les festivals. Une fois n’est pas coutume, la 18e édition d’Occitanie fait son cirque en Avignon fait partie des événements contraints de s’annuler cette année : la tenue des Olympiades, combinée au calendrier des épreuves du baccalauréat, ont conduit les trois structures co-organisatrices de la manifestation – La Verrerie d’Alès, Pôle National Cirque ; La Grainerie, scène conventionnée ; et Circa, Pôle National Cirque – ont donc conjointement décidé d’annuler leur venue au Festival d’Avignon, vitrine annuelle du dynamisme régional en matière de création circassienne.
C’est donc sur d’autres formes que le territoire mise pour représenter la vivacité de sa scène circassienne. Le festival inCIRCus en est l’une des émanations annuelles : mi-juin, le festival fait rayonner le cirque contemporain – renommé ici « cirque d’actualité » – dans le quartier de Rochebelle, lieu d’implantation de La Verrerie. 10 spectacles, 11 ateliers, et tout est gratuit et en plein air ! Or, l’actualité, elle tourne bel et bien autour du sport. Et les disciplines mises à l’honneur sont nombreuses : basket, foot freestyle, parkour, corde à sauter…
Du grand spectacle
S’il ne fallait en citer qu’un, on partagerait volontiers notre curiosité titillée par le travail des Arracheurs de dents. Leur militantisme rigolard a déjà fait mouche dans de précédentes créations – notamment Ni gueux ni maîtres autour de Tolstoï, de la lutte des classes et du catch. Leur prochain spectacle, Tiens, tiens, s’articule autour d’un duel de barbichette, sur fond de combats menés par le Front Populaire en 1936 (sortie de résidence présentée le 13 juin). Autre rapprochement inattendu : celui du cirque et du rugby. Avec Drop – qui désigne une action de jeu consistant à frapper dans le ballon quand il a rebondi, mais aussi une technique circassienne faite de lâchers prises –, la compagnie Crazy R s’aventure dans les hautes sphères de la voltige aérienne : douze acrobates sur grand trapèze volant explorent les similitudes entre les deux disciplines. Miser sur le collectif, explorer le rebond, esquiver la chute, mettre en jeu une chorégraphie des corps… Du grand spectacle pour 3 000 personnes !
Pour le reste, saluons l’originalité des propositions : la virtuosité des cordes de double dutch qui tournoient, entre jeu et performance et (Black Shaolin, Ropestylers & Mathieu Desseigne, (Re)bond) ; une rencontre entre basket et jonglage musical, pour un singulier ballet mettant en jeu les corps et les voix (Basketteuses de Bamako, compagnie Thomas Guérineau), ou encore la tornade jonglée de la Cie NDE, qui raille avec Copyleft le decorum inhérent à chaque manifestation sportive. Le 15 au soir, le festival s’achève par un bal de clôture, qui promet de nous faire valser de Mozart à Coldplay.
JULIE BORDENAVE
inCIRCus
Du 13 au 15 juin
Divers lieux, Alès
laverreriedales.fr