La Fondation GGL continue de mettre en lumière des femmes aussi talentueuses que créatrices de mondes artistiques habités. Après Olympe Racana-Weiler puis Marlène Mocquet, place à Nazanin Pouyandeh. Née à Téhéran en 1981, passée par l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris, la peintre iranienne démontre à travers cette exposition monographique la richesse d’un univers foisonnant qui fait d’elle une artiste de premier plan. Si la peinture de Nazanin Pouyandeh est figurative, elle n’en est pas moins une réalité reconstituée, un souvenir revisité, un rêve tissé d’intime. Comme un petit théâtre d’images où la femme serait (enfin) toute-puissante. Le titre de l’exposition nous avait prévenus : Les désobéissantes. Sur la toile,la femme se libère de ses entraves, des contradictions de son héritage culturel, des interdits de la religion, du poids de l’Histoire.
Sororité
Nazanin Pouyandeh aime se jouer des interprétations que pourrait faire le spectateur de son travail. Elle se permet des clins d’oeil au Facteur Cheval, à la peinture du Moyen-Âge, à Léonard de Vinci. Un processus intensément ludique est présent à la genèse de chaque toile : l’artiste fait poser ses amies dans son atelier avant de les mettre en scène. Trace indélébile d’une sororité bienveillante, héritage d’une culture perse où les femmes partagent tout à défaut de voir leur droit à l’équité respecté. D’ailleurs, l’Iran est omniprésent, ne serait-ce à travers les couleurs très vives des peintures. La guerre est un autre sujet intime impossible, à évincer. Il faut dire que Nazanin Pouyandeh est arrivée en France à 18 ans, un an après l’assassinat de son père.
Peinture sacralisée
Parfois, elle s’autorise à prendre la pose. C’est le cas dans cet Autoportrait au masque et au miroir où le regard se perd. Bien que l’artiste n’aime pas beaucoup parler de ce que l’on voit, elle nous offre un généreux dialogue plastique et sensoriel. Sensuel aussi, avec des corps féminins qui se mettent à nu, non pas pour choquer, plutôt pour se révéler. À l’occasion de cette exposition, l’artiste a dessiné à l’encre de Chine une gigantesque femme pharaon sur le mur immaculé de la galerie. On pourrait y voir une représentation symbolique de la peinture sacralisée, fil conducteur de son travail. Le lieu de tous les combats. Et de toutes les femmes. Regardez-bien. De dos, sur plusieurs tableaux, une femme peint. Libre.
ALICE ROLLAND
Jusqu’au 9 novembre
Fondation GGL, Hôtel Richer de Belleval, Montpellier