Très actif au sein du Miam, Musée International des Arts Modestes qu’il considère comme son grand-œuvre, cofondé en 2000 avec l’artiste Bernard Belluc, Hervé Di Rosa, n’en finit pas d’interroger la hiérarchie des catégories esthétiques établies par les institutions officielles de l’art, pour promouvoir des productions existant à contrario des avis officiels autorisés. Un art populaire libéré, laissant libre cours à ses projets et pulsions plastiques, sans s’encombrer du qu’en-dira-t-on institutionnel. Beaubadugly, sous-titrée « L’autre histoire de la peinture », montre donc « sans complexe les peintures originales de ces artistes à la marge de l’imaginaire et du goût commun, qui ont parfois vendu des reproductions de leurs œuvres par milliers en supermarché et dont les posters nous sont familiers ». Question : des artistes qui vendent « par milliers de reproductions de leurs œuvres en supermarché » sont-ils vraiment « à la marge du goût et de l’imaginaire commun » ?
Dans l’ombre de l’histoire
Les cimaises du Miam accueillent donc des images encadrées d’enfants qui pleurent, des Poulbots aux joues rouges, des clowns de Bernard Buffet, des pin-up, des vahinés, des paysages exotiques, images essentiellement véhiculées par les institutions de la société de consommation : supermarché, espaces touristiques, médias de masse, etc. L’exposition est organisée en deux parties, chacune divisée en sections : dans la partie historique (commissariat Hervé di Rosa et Jean-Baptiste Carobolante) : le peintre star, les représentations d’enfants, les représentations féminines, les paysages exotiques, la peinture fantastique. Réalisées par « des artistes au succès jamais démenti, pourtant relégués dans l’ombre de l’histoire » selon les commissaires, une vingtaine exposé·e·s, dont Vladimir Tretchikoff (premier artiste à exposer et vendre ses peintures dans les supermarchés), Bernard Buffet, Margaret Keane (Tim Burton lui a consacré un film : Big Eyes), Michel Thomas ( peintre des « Petits Poulbots »). Dans la partie contemporaine au 1er étage (commissaires associées : Nina Childress et Colette Barbier), les sections sont : « le peintre ce héros », « s’approprier la peinture au couteau », « Peindre coûte que c(r)oûte », « Leurre du Kitsch ». Là aussi une vingtaine d’artistes, parmi lesquels on trouve Pierre Ardouvin, Nina Childress, Gérard Gasiorowski, Philippe Katerine, Pierre & Gilles.
Bouse de recherche
Beaubadugly se présente donc comme « un panorama de la peinture commerciale, médiatique et populaire ». Une exposition issue de la première bourse de recherche du Miam, financée en intégralité par la Fondation Antoine de Galbert et encadrée par l’Inha (Institut national d’histoire de l’art) dont Jean-Baptiste Carobolante, co-commissaire de Beaubadugly a été le lauréat en 2021. Entreprenant depuis cette date une recherche sur la peinture marchande, dont cette exposition est le premier événement, avant la publication à venir d’un ouvrage.
MARC VOIRY
Beaubadugly - L’autre histoire de la peinture
Jusqu’au 9 mars 2025
Miam, Sète