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Lutter et transmettre, en France comme en Algérie

Le 27 septembre, le collectif Manifeste Rien présente Fadhma et Louise (1871, Le cri des peuples) au Théâtre de l’Œuvre à Marseille. Entretien avec Virginie Aimone, autrice et co-metteuse en scène de la pièce

Dans sa pièce Fadhma et Louise, Virginie Aimone croise le destin de deux figures révolutionnaires du XIXe siècle, la communarde Louise Michel, et la résistante kabyle Fadhma N’Soumer. 

Zébuline. Pourquoi avoir décidé de travailler conjointement sur ces deux figures ?

Virginie Aimone. Lors de mes recherches sur Fadhma N’Soumer et Louise Michel, j’ai été frappée par le nombre de points communs. Elles ont toutes les deux lutter pour leur peuple, mais aussi contre leur propre camp par rapport à leur condition de femme et leur niveau social. Les deux sont nées en 1830, année du début de la colonisation française en Algérie. J’ai voulu travaillé cette histoire franco-algérienne, raconter la lutte de ces deux pays contre le même impérialisme français, en suivant la trajectoire de deux femmes, depuis leur naissance jusqu’à leur mort, enfin celle de Louise en 1905. Fadhma est morte avant.

Vous traitez aussi du combat de Louise Michel pour les droits des Kanaks.

Les communards parisiens et les insurgés kabyles ont été déportés au même endroit, au bagne de Nouvelle-Calédonie. L’armée française, qui cherche alors à y instaurer une colonie de peuplement, leur propose d’aider la France à asservir les kanaks en échange d’un lopin de terre. Beaucoup vous alors retourné leur veste, et passer de victimes à bourreaux. Il y a eu des exceptions comme Louise Michel, qui a fait le choix de lutter pour ne pas perpétuer cette violence sur d’autres. 

Dans votre pièce, Fadhma et Louise se rencontrent grâce à la figure de Yemma. Qui est-elle ?

Dans la mythologie berbère, Yemma-s n dunnit est la première mère du monde, celle qui l’a créé avec une égalité totale entre les hommes et les femmes, les humains et les animaux. Elle a ensuite été déchue et traitée de sorcière. Dans la pièce, quand Fadhma meurt en prison, Yemma lui permet de voir ce qui se passe dans son pays et en France, et notamment de voir qu’il y a une autre femme, Louise Michel, qui se bat un peu comme elle, et Fadhma va petit à petit se mettre à parler à Louise de manière subliminale.

La transmission a une place importante dans la pièce. 

Transmettre la mémoire de l’histoire me paraît très important, il n’y a que comme ça qu’une société peut se construire de manière équilibrée. Je pense qu’on porte les blessures de manière transgénérationnelle même au niveau des pays, et elles se perpétuent tant qu’elles ne sont pas mises en évidence.

CHLOÉ MACAIRE

Fadhma et Louise 
27 septembre 
Théâtre de l’Œuvre, Marseille

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