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« Tout le monde voulait jouer ce rôle »

Emmanuel Noblet crée au Théâtre Durance Article 353 du code pénal, procès d’un homme au bout du rouleau adapté du roman de Tanguy Viel. Entretien

Zébuline. Comment vous est venue l’idée de porter sur scène ce roman ? 

Emmanuel Noblet. Immédiatement, dès que je l’ai lu en 2017. Je voulais absolument faire du théâtre avec ça, cette langue littéraire, ce huis clos, cette histoire d’intime conviction. L’article 353, c’est celui qui laisse au juge des affaires criminelles la latitude de l’intime conviction sur la culpabilité de l’accusé. Mais Tanguy Viel a refusé… 

Pourquoi ? 

Il n’est pas convaincu par l’adaptation littéraire au théâtre, ou au cinéma. Et c’est exactement ce que j’aime ! J’ai dû insister, pendant 5 ans. Puis il a accepté, sans doute après la publication de son roman suivant, La Fille qu’on appelle. Il était passé à autre chose. Mais là j’ai dû faire face à un autre obstacle inattendu ! Tout le monde voulait jouer ce rôle. En particulier Vincent Garanger, qui lui avait demandé les droits juste après moi. C’est un matériau tellement fascinant pour un acteur, la langue, le huis clos, l’enjeu politique. Comme je n’avais pas l’âge pour jouer le personnage, j’ai demandé à Vincent de jouer l’accusé, et j’ai pris le rôle du juge, ce qui a fait plaisir à Tanguy Viel, qui hésitait entre nous deux… 

Vous êtes metteur en scène, acteur, vous avez adapté Réparer les vivants de Maylis de Kerangal, mais cet intérêt pour la littérature se double d’un intérêt pour le droit, que vous avez étudié…

Oui, mais c’est au plus une jolie coïncidence, j’ai étudié le droit public, pas le droit pénal. Il m’en reste sans doute cette interrogation sur la citoyenneté : le juge doit prendre une décision, cet homme s’est fait justice lui-même, le reconnaît, il a tué. C’était un taiseux, il devient bavard, se livre, et fait naître de l’empathie. Et cette question chez le juge, sur la relativité de la culpabilité. 


C’est-à-dire ? 

Je change d’endroit : le huis clos ne se déroule pas dans le bureau du juge, mais sur le lieu de l’escroquerie, un chantier à l’abandon. Le juge, in situ, se trouve dans le lieu de l’accusé. L’homme qu’il a tué a désespéré toute une ville, une société. Que doit la justice face à son meurtre ? Que peut nous dire notre « intime conviction » sur la culpabilité de son meurtrier ? Elle est réelle, mais est elle totale ? Est-ce que ça existe, la culpabilité partielle ? 

Vous créez ce spectacle, qui va beaucoup tourner, au Théâtre Durance, qui le coproduit. Comment cela s’est-il fait ?

Oui, nous avons plus de 60 dates prévues avant la création, c’est exceptionnel. Et créer dans cette vallée l’est tout autant. Parce que l’équipe est formidable, accompagnante et chaleureuse, parce que la scène est très bien équipée, parce que trois semaines de résidence, c’est exceptionnel… Quant à la cause, Elodie Presles, la directrice, avait aimé Réparer les vivants, que j’ai joué 300 fois, et m’avait proposé de produire mon prochain spectacle. Elle tient ses promesses !

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AgnÈs Freschel

Article 353 du code pénal
15 octobre 
Théâtre Durance
Scène nationale, Chateau-Arnoux-Saint-Auban

Les 17 et 18 octobre
Bois de l’Aune, Aix en Provence

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