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AccueilCinémaFFM : Fatima Sissani fait entendre les dominées

FFM : Fatima Sissani fait entendre les dominées

Pour leur 19e édition, les rencontres Films Femmes Méditerranée consacrent un temps fort à l’œuvre de la réalisatrice Fatima Sissani. Entretien

Zébuline. Les figures féminines sont toujours au centre de vos films. Pourquoi ce choix ? 

Fatima Sissani. C’est un parti pris féministe. L’espace public est saturé par la parole des hommes et ça me semble donc important de créer un espace qui soit exclusivement réservé à celle des femmes pour qu’elle puisse vraiment être entendue. J’ai toujours été entourée par des femmes, avec qui je me sens en sécurité et dans une relation égalitaire. Pour mon premier film, La Langue de Zahra, j’ai instinctivement choisi de donner la parole à ma mère et à celles qui l’entourent, sans me rendre compte qu’il n’y avait que des femmes. Cela m’a été renvoyé lors des projections, et j’ai alors réalisé que je n’arrivai pas à filmer d’autres êtres. Mais c’est assez stupéfiant la manière dont cette question revient systématiquement, alors que ce n’est pas le cas lorsqu’il n’y a qu’une parole masculine. 

Y voyez-vous un reproche ? 

Oui, je pense que c’est souvent un reproche déguisé. On a vraiment intégré cette domination masculine, et quand le dominant n’est plus sur la photo, c’est comme si on était un peu perdues. Sa présence est nécessaire pour légitimer toute parole.  

Pourquoi cette centralité de la parole ? 

Je travaille à partir du témoignage pour aller chercher une histoire collective, avec la parole des personnes concernées. Dans Les Gracieuses, on aborde l’immigration et les notions d’intégration et de relégations sociale et spatiale. Les jeunes filles qui en parlent sont concernées par ces questions, pourtant elles ne sont jamais entendues car se sont des femmes issues de l’immigration et des classes populaires. On parle d’elles sans leur donner la parole. Or, elles sont expertes de ce qu’elles vivent et sont les mieux placées pour l’expliquer. De même pour Résistantes, qui part du témoignage de femmes qui ont combattu pour l’indépendance de l’Algérie. Des historien·ne·s auraient sans doute très bien parlé du sujet, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse. Mon fil conducteur est de proposer d’autres représentations de personnes qui sont soit sous-représentées, soit mal représentées, soit les deux. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR CHLOÉ MACAIRE 

Films Femmes Méditerranée
Du 29 novembre au 6 décembre
Divers lieux, Marseille

Les Récits de Fatima Sissani 
Les Gracieuses 
3 décembre, 18h
La Langue de Zahra 
3 décembre, 20h
Résistantes 
4 décembre, 18h 
Les Variétés, Marseille 
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