mercredi 11 décembre 2024
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Drame yézidie : les femmes et les enfants d’abord

Projeté dans le cadre du festival Primed, Hawar, nos enfants bannis, de la journaliste Pascale Bourgaux, suit le parcours d’une femme yézidie contrainte d’abandonner sa fille

En 2014, des milliers de femmes yézidies sont kidnappées par Daesh et recrutées comme esclaves sexuelles. Captives violées collectivement par les djihadistes, elles se retrouvent souvent enceintes. Une fois « libérées », les mères sont obligées par la communauté à abandonner ces enfants nés de viols. Ana – ce n’est pas son vrai nom – a accepté de raconter sa douloureuse histoire.

On ne verra jamais entièrement son visage mais on la suit, en voiture, en de longs travellings, sur des routes de montagne dans le Kurdistan irakien. Ana avait 19 ans quand elle a été enlevée, emmenée à Mossoul, offerte en cadeau à un combattant qui l’a violée. Des viols comme une routine quotidienne. Enceinte, elle a tout fait pour avorter. En vain. Une petite fille est née, Marya, un amour aussi. Mais revenue dans sa communauté à sa libération, elle se voit contrainte par ses parents à abandonner son bébé : chez les yézidis, on n’élève pas les enfants de l’ennemi. Elle confie son regret d’être revenue. Ce n’est pas la seule ; certaines ne se remettent jamais, se pendent. Ana, elle, ne baisse pas les bras, ne renonce pas. Aidée par certains, elle retrouve la trace de Marya, dans un orphelinat d’une ville en Irak, y va secrètement…

Rien n’est réglé

Entre les longs trajets en voiture, on s’arrête avec elle à Lalesh, temple sacré où on assiste au « re-baptême » de ceux enlevés qui sont revenus, à la fête du « Mercredi rouge », leur nouvel an, pleine de couleurs, de chants et de lumière. On accompagne Ana dans les échoppes où elle achète des vêtements pour sa fille. On fait la connaissance de la responsable de l’orphelinat de Hassaké en Syrie qui espère qu’une solution durable sera trouvée pour ces milliers d’enfants abandonnés par leur mère, volontairement ou contre leur gré. On assiste, moment très émouvant, aux retrouvailles d’Ana et de sa fille qu’elle n’a pas vue depuis 4 ans. Un moment de joie, de tendresse éphémère, suivi d’un départ dans les larmes.

Rien n’est réglé : les autorités officielles, yézidies, kurdes, et irakiennes, continuent à nier l’existence de ces bébés. Un millier de femmes, les « disparues », ont choisi de ne pas retourner dans leur communauté. Il a fallu huit années à la journaliste-documentariste belge, Pascale Bourgaux pour faire ce documentaire afin qu’on n’oublie pas. La cinéaste Berivan Binevsa en a fait une fiction, très réussie aussi, La vierge à l’enfant.

ANNIE GAVA

Hawa, nos enfants bannis de Pascale Bourgaux obtenu la mention spéciale ASBU (Union des Radiodiffuseurs des Etats Arabes )au PRIMED  qui s’est tenu à Marseille du 30 novembre au 7 décembre 2024  

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