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AccueilCritiquesMolière : du papier à musique 

Molière : du papier à musique 

Dans un livre et deux CD, l’historien Georges Forestier entreprend avec Molière, la musique d’une vie, une biographie du dramaturge où la musique prend toute la place qu’elle mérite

Georges Forestier, qui nous a quittés au printemps dernier sans avoir le temps de tenir ce livre entre ses mains, imagine une biographie de Molière racontée par Dorimond (Nicolas Drouin), un comédien contemporain de Molière auquel Denis Podalydès prête ici sa voix. Comme son titre l’indique, cette biographie co-éditée par Gallimard et Harmonia Mundi, met en valeur la musique au centre des nombreuses œuvres de l’auteur, comme les comédies-ballets La Princesse d’Elide (1664), Georges Dandin (1668) ou encore le Bourgeois gentilhomme (1670), commandées par le roi pour ses fêtes. 

Cette part musicale, parfois occultée par une tradition scolaire privilégiant le texte de l’auteur, est ici mise à l’honneur par des partitions de Lully et Charpentier, les deux collaborateurs de Molière, interprétées par l’ensemble des Arts Florissants dirigé par William Christie. Chaque chapitre comprend des extraits enregistrés par les comédiens du Théâtre Molière Sorbonne, compagnie créée par Georges Forestier en 2017 qui restitue ici dans une prononciation historiquement informée les textes de l’auteur. 

Partenariat public-privé

Ce parcours chronologique retrace les différentes étapes de la vie de Molière et de ses comédiens : menant d’abord une vie itinérante avec sa troupe de l’Illustre Théâtre, il se stabilise à Paris avec la protection de Monsieur, frère du roi, avant de gagner la faveur du roi lui-même. Chaque création est reliée à des événements privés ou publics : c’est peu après son mariage avec la jeune Armande Béjart qu’il crée L’École des femmes (1663), et la visite de l’émissaire du Grand Turc lui donne le sujet du Bourgeois gentilhomme (1670). Les rivalités de l’auteur sont aussi évoquées : celle l’opposant aux comédiens de l’hôtel de Bourgogne, ou encore à Pierre Corneille, avec qui il finit par collaborer pour la versification de Psyché (1671). Dorimond lui reproche même d’avoir plagié une de ses pièces pour la création de Dom Juan. Toutefois, ce dramaturge, qui n’a pas connu la gloire de Molière, n’exprime aucune amertume dans ce récit au ton d’admiration palpable, et dans lequel nous entendons la voix de Georges Forestier, ici ressuscité par un Dorimond-Podalydès ventriloque. 

MATHILDE MOUGIN

Molière, la musique d’une vie, de Georges Forestier
Gallimard et Harmonia Mundi – 28 € 

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