Il est venu le temps de la trêve hivernale, des cadeaux et des retrouvailles, des illuminations. Et les spectacles de fête, de joie, que nous recensons dans ce numéro, sont plus que jamais nécessaires. Mais comment aujourd’hui cacher notre inquiétude et nos larmes face à la catastrophe annoncée, la catastrophe advenue ?
La mascarade du changement de gouvernement est une offense de plus aux besoins du peuple. Jean-Marc Coppola [Lire ici] et Sophie Joissains [Lire ici], l’un offensif, l’autre prudente, savent que les villes devront compenser, lorsqu’elles le pourront, les baisses des autres collectivités et de l’État. Le maire adjoint de Marseille sait que la hausse qu’il a obtenue dans le budget de la Ville ne suffira pas, la maire d’Aix-en-Provence sait que la baisse des subventions du Département 13 et de la Région Sud, dont elle est Vice-Présidente à la Culture, ne pourra pas être compensée dans la plupart des communes, même si elle le fera dans la sienne.
L’année 2025 s’annonce terrible, alors même que le nombre de manifestations proposées au public est en forte baisse, et que les professionnels se plaignent de refuser régulièrement du public. Ce sont des centaines d’associations qui vont déposer le bilan, des milliers de professionnels qui vont se retrouver au chômage, des millions de spectateurs qui ne vont pas voir des spectacles qui ne seront pas créés. C’est une terrible chape qui s’abat sur le présent, et interdit l’avenir.
L’ouragan, avant, après
Ce qui s’est abattu sur Mayotte n’a rien de symbolique et ne dépend pas de décisions humaines. Mais le nombre de morts, l’inefficacité des secours, le manque d’eau potable sont aussi le résultat d’un délaissement. Comme l’incroyable inconséquence d’un premier ministre nouvellement nommé qui ne se rend pas sur place et préfère son conseil municipal de Pau, ils disent à quel point certains morts comptent peu aux yeux de la République.
Marseille, dite « cinquième île des Comores » tant la diaspora y est importante, est sous le choc. Il faudra, comme le dit Soly Mbaé [Lire ici], compter les morts provenant des quatre îles, refuser le terme de clandestins, et retrouver l’évidence d’une culture comorienne commune.
La solidarité a longtemps été exemplaire entre les Comoriens, entre ceux que l’État français exploite et méprise, et ceux qu’il laisse mourir. La présence française aux Comores, restreinte à Mayotte et aux Iles éparses depuis 1976, lui permet de maintenir des eaux territoriales stratégiques sur la route des tankers. Cela vaut bien la construction d’infrastructures solides et l’application de la loi de la République, avec droit du sol, rapprochement familial, protection des mineurs et respect de la loi maritime qui oblige la France à porter secours aux naufragés dans ses eaux territoriales, et dans ses bidonvilles.
Agnès Freschel
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