jeudi 25 avril 2024
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Une adolescence molle et convenue

Sylvain Groud dessine un portrait sans relief de l’adolescence. Dommage…

Traitées avec éclat par les chorégraphes Fabrice Ramalingom, Arthur Perole ou Gisèle Vienne, l’adolescence et la jeunesse se transforment en un objet non identifié chez Sylvain Groud. L’actuel directeur du CCN de Roubaix met en scène dans sa pièce éponyme neuf jeunes danseurs·ses uniformisé·e·s tant par leurs costumes blancs identiques (T-shirt et short) que par leur couleur de peau. Pas l’ombre d’un métissage dans ce groupe ultra homogène qui prend la pose longuement dans des tableaux composés à la manière des clichés de vacances ou de selfies redondants. S’en suit un chapelet de postures boudeuses ou rêveuses qui suintent l’ennui ou l’hébétude. Serait-ce donc l’état des adolescents durant cette « période pendant laquelle l’identité se façonne » comme l’écrit très justement Arthur Perole ?

Une pièce convenue

Une fois passés ces arrêts sur images sur fond de voiles peintes par Françoise Pétrovitch, complice de Sylvain Groud pour la scénographie et les costumes, le tempo s’accélère et les touches chorégraphiques légères font place à une danse d’ensemble nerveuse, saccadée, sur la musique électro de Molécule. Là où les toiles et dessins de corps adolescents de l’artiste plasticienne induisent une étrangeté, un sentiment d’inconfort, la chorégraphie ne dépasse jamais l’illustratif. Comme si Sylvain Groud se défendait de poser un regard – le sien, justement, celui que l’on voudrait connaitre – sur ces filles et garçons à la fleur de l’âge qui, sur scène, restent bloqués dans une espèce de neutralité. Pas d’incarnation, pas de matière, pas d’épaisseur, juste un florilège convenu de coquetteries, de copinage, de drague, de chamailleries et de jalousies. La pièce ne dépasse que trop rarement le niveau de la cour du collège ou du lycée et son manque de hauteur déclenche une grande déception. Même les œuvres de Françoise Pétrovitch qui nous avaient enchanté en 2016 sur les murs du château de Tarascon (« Verdures ») et du Frac Sud à Marseille (« S’Absenter ») font pâle figure…

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Adolescent a été présenté le 6 avril au théâtre Liberté, scène nationale de Toulon.
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