jeudi 23 janvier 2025
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AccueilCinéma"Brûle le sang", une cité entre anges et démons

« Brûle le sang », une cité entre anges et démons

Pour Brûle le sang, son premier long-métrage, Akaki Popkahadze réalise un thriller niçois dans les règles du genre

Des bandes criminelles qui se disputent les territoires de vente de la dope. Des mafias de l’Est aux méthodes brutales et définitives. Deux frères antagonistes qui se retrouvent pour l’enterrement du père assassiné. Et l’engrenage fatal de tout polar qui se respecte : a priori rien de neuf sous le soleil dans le synopsis de Brûle le sang du cinéaste franco-géorgien Akaki Popkhadze. Ce thriller, soutenu par les collectivités de sa région et par le CNC, lorgne sur les grands classiques du genre, de Coppola et Scorsese au James Gray de Little Odessa. Les anges et les démons de la Riviera, frères de sang de ceux de Los Angeles.

On entre dans le film par un enlèvement et une exécution de plein jour sur un chantier terreux qui n’est pas sans rappeler le désert californien. Puis dans un appartement modeste de cité, où s’est regroupée la communauté géorgienne exilée. Tristan (Florent Hill) aussi triste que son prénom, judoka et employé dans une jardinerie, se destine à la prêtrise orthodoxe. La mère donne des cours de piano. Le père est chauffeur d’un oligarque russe. Confondu avec son patron, il est abattu à la terrasse d’un café. Pour son enterrement, Gabriel, le frère aîné, incarné par un Nicolas Duvauchelle tatoué et hargneux, revient de Géorgie où il a été exilé après un séjour en prison, rejeté par sa famille et sa communauté. Il retrouve après 10 ans d’absence son ex-complice Marco (Finnegan Oldfield), dealeur défoncé en permanence, décérébré et survolté, neveu d’un parrain auquel Denis Lavant prête son inquiétante étrangeté. En quatre chapitres aux titres bibliques : « Au nom du père », « Vaincre le mal » « Tu ne tueras point » « Console ma peine », s’accomplit la soif de vengeance de Gabriel, le frère maudit, entraînant le pieux Tristan dans la spirale du mal.

Finir dans une benne

Nice, ville dans laquelle le réalisateur vit depuis ses 15 ans, est filmée en contraste entre jour et nuit, entre lieux de plaisirs – plage, villas de luxe et clubs privés – et quartiers populaires avec leur lot de misère et de drames. Derrière l’affiche touristique de la promenade des Anglais placardée sur une vitre dans la première séquence, la réalité moins radieuse.

Le réalisateur dit avoir désiré un « film immersif », sa caméra dansant autour des personnages. Il ajoute avoir voulu parler de sa famille, du milieu d’où il vient. Un monde de masculinité toxique – résumé par la mère (Ia Shugliashivili) seule figure féminine qui déclare avoir supporté tour à tour toutes les humeurs des mâles du foyer. Il dit encore avoir voulu rappeler que « les hommes (qui se croient) forts finissent (souvent) dans des bennes à ordures. »

ÉLISE PADOVANI

Brûle le sang, de Akaki Popkhadze

En salles le 22 janvier

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