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Johnson, le battant

Jack Johnson a joué un rôle considérable dans l’émancipation des noirs américains. Les éditions l’Écailler publient son autobiographie, parue aux Etats Unis en 1927

Fils d’esclaves né en 1878, premier boxeur noir champion du monde des poids lourds en 1908, le texan Jack Johnson devint malgré lui, et bien avant Rosa Parks, Malcom X, Mohamed Ali ou Angela Davis,  un modèle de l’émancipation des noirs américains : « Il y avait très peu d’hommes de ma race parmi les spectateurs. Je me rendis compte que ma victoire avait plus d’importance que d’habitude. Ce n’était pas seulement le titre qui était en jeu mais mon honneur personnel et dans une certaine mesure l’honneur de ma couleur de peau ».  

Car ce titre déclencha des émeutes raciales dans tous les Etats-Unis. Sa vie fut menacée plusieurs fois. Pourtant, Johnson ne fut jamais un militant anti-raciste ; ce qui lui sera aussifortement reproché. L’ex petit gamin de Gavelston, qui avait travaillé dès 13 ans sur les docks, gagna -et perdit- beaucoup d’argent, ouvrit des boîtes de nuit dont le futur Cotton club et épousa des femmes blanches. Ce qui lui valut la réprobation unanime des noirs et des blancs.

Johnson avait choisi de vivre dans une liberté totale avec comme armes ses poings, son indifférence face à ses détracteurs et « son sourire en or » décrit par Jack London. « Je n’ai jamais trouvé de meilleure manière de combattre le racisme qu’en agissant envers les personnes d’une autre race que la mienne comme si le racisme n’existait pas ». 

De l’exil rocambolesque à la prison sportive

Sa vie fut aussi un roman d’aventures rocambolesques qu’il raconte avec humour et sincérité. Injustement accusé de « traite des blanches », il est contraint à l’exil. On le retrouve sur la scène des Folies Bergères à Paris, toréador à Barcelone au côté de Joselito, en Russie, ami d’un conseiller du tsar, espion pour les services américains en Europe, sous les bombes de la première guerre mondiale à Londres. Il se rend en Argentine, à Cuba, auprès des aborigènes d’Australie. Partout il est accueilli par des foules en liesse et même le révolutionnaire Pancho Villa tente d’organiser pour lui un championnat du monde au Mexique. On lui fait aussi du chantage. S’il acceptait de perdre face à un boxeur blanc, les charges retenues contre lui seront abandonnées…

De retour volontaire aux États-Unis, il est emprisonné et devient directeur sportif de la prison. A sa libération des festivités immenses sont organisées. Le 10 juin 1946, après s’être vu refuser l’accès à un restaurant réservé aux Blancs, Jack Johnson reprend le volant, percute un poteau et décède en Caroline du nord, à 68 ans. 

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Jack Johnson 
Traduction François Thomazeau
Sortie le 20 février 
Éditions l’Écailler

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