L’Opéra de Marseille fête ses cent ans. Le festival Mars en baroque se devait d’honorer cet anniversaire en mettant cette grande invention de la période baroque à l’honneur. Fruit d’un premier partenariat entre l’Opéra et le festival -qui devrait en appeler d’autres-, le mythique Orfeo de de Claudio Monteverdi. Pour ce projet audacieux, Jean-Mars Aymes, directeur du festival a associé le chœur de l’Opéra et fait appel aux instrumentistes du Concerto Soave, rompu aux secrets de l’interprétation baroque (2 mars, Opéra de Marseille). Cette production phare du festival ne doit pas occulter la riche programmation de cette édition -concoctée par Romain Bockler-, qui retrouve sa vitesse de croisière après une année 2024 difficile. Marie Paule Vial, sa présidente s’en désole : « Partout en France et à l’étranger, la culture est danger. Grâce à la Région, la Drac mais surtout à Jean-Marc Coppola, maire adjoint à la culture de Marseille que nous remercions, Mars en baroque peut continuer à voguer ». Le festival collabore aussi cette année avec Marseille Concertspour une soirée De Bach à Debussy avec la flutiste Lucie Horsch et le claveciniste Justin Talylor, (15 mars, Palais du Pharo). Jean-Marc Aymes s’en félicite : « Travailler avec des structures existantes est une bonne façon de faire vivre la musique ».
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Hamlet en Italie
Le festival ouvrira avec Les Fantômes d’Hamlet, programme construit par Franck Emmanuel Comte et Le Concert de l’Hostel Dieu, avec des fragments d’opéras perdus de Scarlatti, Gaspirini ou Vignati exhumés par des musicologues autour du mythe d’Hamlet et des femmes qui auraient traversé sa vie. Elles seront incarnées par la soprane et grande tragédienne Roberta Mameli (28 février, église Saint-Ferréol). Italie toujours avec la venue à Marseille, grâce au soutien de l’institut culturel italien, de l’ensemble Dolci Accenti qui puise aux sources de l’Opéra que sont les cantates interprétées par la soprano Nadia Caristi (8 mars, salle Musicatreize).
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Haendel, what else
Le génial Haendel, qui à lui seul résume l’Europe baroque, valait bien qu’on lui consacre deux soirées. Ce sera le cas avec Dans l’ombre du « Caro Sassone », consacré aux oratorios du compositeur, grande forme musicale née, elle aussi à l’époque baroque. Le contre-ténor Rémy Brès, formé à Marseille, et qui foule déjà les plus grandes scènes internationales interprétera aussi des œuvres des successeurs anglais du compositeur que sont Maurice Green, John Stanley et William Boyce (14 mars, église Notre-Dame du Mont). De leurs côtés, le jeune organiste Emmanuel Arakelian et Jean-Marc Aymes au clavecin offriront Une heure avec Haendel avec des pièces instrumentales de celui qui fut aussi maître de chapelle (30 mars, Temple Grignan).
Baroqueux du sud
Hommage sera rendu à celui sans qui l’Opéra de Marseille n’existerait peut-être pas. C’est en 1685 que Pierre Gaultier obtint du grand Lully la permission de créer le premier opéra de province, Le Triomphe de la Paix. Il devient le centre de la vie culturelle de la région. En l’articulant sur des œuvres instrumentales de Gaultier, Concerto Soave a construit un programme autour de l’opéra français de la fin du XVIIe siècle. Lully y est bien sûr présent, mais aussi Campra et Mouret, immenses compositeurs nés dans la région (22 mars, Musée d’histoire de Marseille). Le lendemain dans le même lieu, le truculent musicologue Lionel Pons tiendra une conférence sur les lieux de diffusion musicale à Marseille du XVIIIe au XXe siècle.
Enfin, Les Voix Animées nous ouvriront leur Jardin des muses, célébrant la féminité dans la musique de la Renaissance. On s’y promènera en compagnie d’Anne de Bretagne, Marie-Madeleine, La Reine de Saba ou Vénus, mais surtout de deux créatrices du XVIe siècle, Rafaëlla Aleotti et Maddalena Casulana qui écrivait : « Je veux montrer au monde, autant que je peux dans cette profession de musicienne, l’erreur que commettent les hommes en pensant qu’eux seuls possèdent les dons d’intelligence » (25 mars, Archives Départementales des Bouches du Rhône).
Jeunesse baroque
Mars en baroque c’est aussi une ouverture à la jeunesse. Le chœur Unacorda mêlant chanteuses professionnelles et élèves du Conservatoire d’Istres illustreront la tradition vocale française de Marc-Antoine Charpentier à Francis Poulenc, et interprèteront une création contemporaine de la compositrice Lisa Heute (16 mars, Temple Grignan). De leurs côtés les élèves du Conservatoire Pierre Barbizet donneront, en fin d’année scolaire, une série de concerts hommage à Pierre Gauthier.
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ANNE-MARIE THOMAZEAU
Mars en baroque
Du 28 février au 30 mars
Divers lieux, Marseille
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