Cap sur l’Amérique latine avec pour boussoles obstinées les idées de solidarité et de fraternité. Comme toujours, depuis 26 ans, les Rencontres du cinéma Sud-Américain s’engagent par le cinéma – qui inclut musique, danse, peinture, photo, littérature – à défendre les valeurs humanistes, contre les vents contraires des guerres et des fascismes.
Pour cette édition, toujours portée par l’Association solidarité Provence/Amérique du Sud (Aspas), onze pays d’Amérique du Sud seront représentés. Dans les sept longs métrages en compétition officielle pour le Colibri d’or et le Prix du public, et dans la sélection des dix courts métrages. Un jury jeune décernera aussi son propre Prix. Le tout se passe principalement aux Variétés, à Marseille, où auront lieu débats, leçons de cinéma, rencontres, concerts et buffet aux célèbres empanadas – et d’autres événements sont à découvrir dans le reste de la Région Sud.
Pluie de pellicules
Ouverture le 25 avril avec Mexico 86 de César Diaz qui suit le parcours sacrificiel de Maria (Bérénice Bejo), une militante guatémaltèque en cavale, tiraillée entre la révolution et son amour maternel. Clôture le 1er mai, avec Soy Múcura de Nina Marin. La réalisatrice colombienne primée par le festival l’an dernier pour Tierra Quebrá donnera par ailleurs, une masterclass. Elle explore avec ce deuxième long métrage le monde caribéen, la puissance de la musique, l’histoire des peuples, dans le sillage d’une jeune fille sourde, douée pour la danse.
Entre les deux, venu de la République Dominicaine – un pays peu présent dans les festivals –, Sugar Island de Johanné Gómez Terrero,fera découvrir, à travers l’histoire d’une ado enceinte, le rude sort des coupeurs de canne à sucre haïtiens, devenus chômeurs sans indemnités après la mécanisation agricole, et les problèmes de leurs enfants apatrides. Séance suivie d’un échange avec Les Philosophes Publics.
En noir et blanc, Vrutos de Miguel Bou, nous conduira dans la banlieue argentine chez des « guerriers » de quartier, une épopée urbaine où rugby rime avec vengeance. On ira aussi avec Los Tonos Mayores d’Ingrid Pokropek dans l’imaginaire d’une jeune fille dont la prothèse de bras capte d’étranges messages. Me Dicen El Panzer de Rodriguo Quintero Arauz dans le rêve et la réalité d’un joueur de foot. Et De la Guerre froide à la guerre verte – documentaire d’Anna Recalde Miranda, sélectionné au dernier Festival du film engagé – dans les arcanes d’un désastre écologique en continuité d’un processus politique.
Des courts aussi
La compétition courts métrages fera la part belle aux thématiques sociopolitiques et familiales chère aux Rencontres, à l’instar de Las Olas Que Vendrán évoquant l’immigration africaine en Argentine. L’extraordinaire variété de ce format cinématographique nous fera passer de l’intimité d’un deuil (Adorable Puente de Juan Bruno Demichelis) à la passion pour une patate héritée des Incas et menacée par la normalisation commerciale (Nativa de Ronal Arancibia).
La cérémonie de remise des prix, le 2 mai, sera suivie par la projection de Salidos de la Salamanca, en présence de sa réalisatrice, Josefina Zavalia Abalos, un documentaire qui va à la source de la chacarera, danse traditionnelle née du métissage et la relie à Salamanca, la célèbre ville des sorcières.
ÉLISE PADOVANI
Rencontres du cinéma Sud-Américain
Du 25 avril au 2 mai
Les Variétés, Marseille
Programmation complète sur cinesudaspas.org