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L’Inconnu de la Grande Arche

Projeté en avant première au cinéma Les Variétés par Les Rencontres Image de ville, L’inconnu de la Grande Arche de Stéphane Demoustier sort ce mercredi 5 novembre.

Stéphane Demoustier adapte ici un roman de Laurence Cossé et reprend son titre digne d’un polar. Assumant de mêler la fiction aux faits historiques.

1983 : François Mitterrand, dans le cadre de ses Grands Travaux, lance un concours international pour construire un édifice emblématique prolongeant l’axe parisien historique du Louvre à l’Arc de triomphe. A l’étonnement général, c’est le projet d’un certain Otto von Spreckelsen (interprété par Claes Bang), un architecte danois totalement inconnu, qui est retenu. Un cube évidé, respectant la perspective, célébrant symboliquement une ouverture à la spiritualité.

Le film s’ouvre sur une scène de quasi-comédie : le réalisateur met en scène dans les bureaux de l’Élysée où le Président (Michel Fau) trône, entouré de déférents courtisans, l’incrédulité de tous, puis la fébrilité des conseillers pour essayer de contacter ce lauréat inattendu qui n’a pas de téléphone et dont l’Ambassade danoise n’a jamais entendu parler. Jean-Louis Subilon, (Xavier Dolan) un haut fonctionnaire français, doit partir au Danemark.  Il retrouve Otto se baignant près de sa barque, avec sa femme Liv (Sidse Babett Knudsen). D’emblée, l’opposition entre un espace de liberté ouvert et celui des lieux resserrés du pouvoir est suggérée.

Otto enseigne dans une école d’architecture. A plus de 50 ans, il n’a jamais bâti que sa propre maison et quatre églises dans son pays. Le projet parisien est colossal. C’est celui d’une vie.

Très vite, l’architecte danois se heurte à des obstacles. D’abord, un délai très court imposé par l’Élysée qui appuie sa communication politique sur ces grands travaux : le Cube devra être livré pour la commémoration du bicentenaire de la Révolution française. Ensuite, des règlements administratifs, des contraintes budgétaires. Enfin, un certain état d’esprit français frileux -un peu moqué ici : un « c’est impossible » lui étant opposé chaque fois qu’il exige quelque chose.

Le Gestionnaire, le Pragmatique et l’Idéaliste

Otto doit se faire épauler par Paul Andreu (Swann Arlaud). Ce grand architecte expérimenté, concepteur entre autres, de l’aéroport de Roissy, accepte, au nom du projet qu’il admire, le rôle d’architecte d’exécution. Intelligent, efficace, rationnel, diplomate et patient, il a la mission difficile – sans doute impossible, de transformer le rêve d’un autre en réalité. Il affronte la colère d’Otto qui le soupçonne de vouloir le déposséder de son « Cube » et de dénaturer sa vision. Le film avance comme le chantier au fil des rapports conflictuels entre le technocrate Jean -Louis Subilon comptable des dépenses, Paul Andreu, en équilibriste, coordonnateur des équipes et Otto Spreckelsen qui n’accepte aucun compromis. Le Gestionnaire, le Pragmatique et l’Idéaliste désirant chacun à sa façon, la finalisation de l’Edifice.

On s’amuse à voir un François Mitterrand se donnant le rôle d’un Laurent de Médicis et tenant dans ses mains un morceau du marbre de Carrare qui devait initialement recouvrir l’Arche.

Ce projet qui donnait sens à la vie d’Otto von Spreckelsen va le miner, déstabiliser son couple et sa santé mentale. La défaite de Mitterrand aux législatives bouleverse la donne. Otto abandonne le chantier avant la fin et meurt avant l’achèvement de son Cube renommé Arche par Andreu. Son nom sera oublié du public. La boucle étant bouclée, le film reviendra sur le même mode de comédie, au Danemark où Andreu et Subilon chercheront en vain la tombe de l’architecte inconnu sous une pluie battante.

Du Rebelle de King Vidor au Ventre de l’Architecte de Peter Greenaway, ça ne se passe jamais très bien pour les architectes de cinéma.  L’Inconnu de la grande Arche est bien sûr un film sur l’Architecture, et sur les architectes, mais pas que… Comme dans les deux œuvres précitées, c’est la réflexion sur les rapports entre architecture et pouvoir, architecture et maîtrise d’ouvrage qui importe, l’éternel conflit entre utopie et réalité.

ELISE PADOVANI

L’Inconnu de la Grande Arche de Stéphane Demoustier

Sélection Un Certain Regard, Cannes 2025

Sortie : 5 novembre

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