dimanche 10 août 2025
No menu items!
Cliquez sur l'image pour vous abonnerspot_img
AccueilÀ la Une"Les Enfants rouges" : le sang des innocents

« Les Enfants rouges » : le sang des innocents

Réalisateur tunisien, Lofti Achour reconstitue dans Les Enfants rouges un attentat abject commis dans une région rurale de Tunisie en 2015

Le film est dédié à Mabrouk, un jeune berger égorgé par des terroristes. Le réalisateur choisit dans la fiction qu’il en tire, de raconter les faits du point de vue d’un adolescent, témoin du crime, et de plonger dans le traumatisme provoqué par l’abjection de cet infanticide.

L’action se déroule dans les montagnes du Djebel Mghila en Tunisie. Un beau paysage, âpre, nu, saisi en plans larges, récurrents. L’horizontalité poudreuse des plateaux. Quelques maisons pauvres serrées dans ce no man’s land. À l’horizon, la ligne des montagnes.

Nizar, 16 ans, accompagné de son cousin Achraf, 14 ans, mène ses chèvres paître là-haut, hors du périmètre autorisé. Malgré les mines et le danger des groupes armés, cachés dans cette zone qui offre eau et nourriture à ses bêtes. Les deux jeunes garçons jouent, s’ébattent, parlent de Ramzha la fille dont ils sont amoureux – et qui contrairement à eux continue à aller à l’école. Une attaque brutale met fin à ce bonheur insouciant.

Les djihadistes décapitent Nizar et chargent Achraf de rapporter sa tête à sa mère. Dès lors la famille réunie n’aura de cesse que de retrouver le corps pour enterrer leur fils, frère, neveu, cousin convenablement. Nizar hantera Achraf : rêves, souvenirs et réalité se mêleront dans son esprit et à l’image.

Dans l’ombre du soleil

Le réalisateur se tient en équilibre entre beauté et horreur, naturalisme et onirisme. Les plans dépouillés, soigneusement composés nous enferment dans le douar. On suit le sweat rouge d’Achraf, en tache sanglante. Le tumulte de ses sentiments se vit par empathie. Le côté solaire du film accentue par contraste son tragique mais exprime également la force de la vie, de la résilience et de la joie. « Je ne suis pas triste, dit Ramzha à Achraf, il y a déjà trop de tristesse ici ». 

Les assassins du jihad et les représentants des autorités qui abandonnent ces éleveurs vulnérables sont désignés par les pronoms « ils, eux » et restent hors champ. Les pauvres gens n’intéressent pas du tout les politiques et les journalistes n’en parlent que pour le scoop sordide. L’hommage sobre et fort de Lofti Achour n’en est que plus nécessaire.

ÉLISE PADOVANI

Les Enfants rouges, de Lofti Achour

En salles le 7 mai

ARTICLES PROCHES
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

Claviers en clair-obscur et cordes complices

Récitals romantiques et dialogues lyriquissimes : une édition dense et habitée des Nuits Pianistiques 2025 Au fil de trois soirées, les Nuits Pianistiques ont décliné trois...

De mémoires et de luttes

Le 31 juillet est la Journée Internationale des Femmes Africaines depuis 1974, une consécration qui a vu le jour grâce à Aoua Keïta, une sage-femme...