jeudi 3 juillet 2025
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Radio Live, accueillir la rencontre

Le Festival accueille trois chapitres de Radio Live, un dispositif à la frontière entre le spectacle et le reportage, né d’une série radiophonique sur la jeunesse réalisée par Aurélie Charon. Entretien avec Aurélie Charon et Amélie Bonin, metteuse en scène, à l’origine du projet

Zébuline. Avec Radio Live, vous donnez la parole à des jeunes de différents pays, avec des expériences diverses. Comment font-ils « génération » ? 

Amélie BoninCe n’est pas juste une question d’âge. Ils partagent aussi souvent un idéal de société, des préoccupations, un rapport à la famille… pas mal de choses finalement.

Aurélie Charon. Quand on a commencé, il y a dix ans, tout le monde avait autour de 25 ans, et nous aussi. Forcément, ceux qui sont restés en ont 10 de plus. Et la plus jeune a 22 ans. On a donc élargi le terme « génération ». Ils n’en sont pas au même moment de leur vie, mais ont tous en commun de ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est, et d’essayer de le modifier en inventant des choses. 

Pourquoi avoir porté ce projet sur scène ? 

A.C. Avec la radio, on pouvait voyager, rencontrer des personnes différentes, mais elles ne se rencontraient pas. La scène nous a permis de provoquer des rencontres qui n’auraient pas pu ou pas dû avoir lieu. Par ailleurs, il y a des choses qui peuvent se dire sur scène qui ne se diraient pas à la radio, parce que c’est un espace préservé, éphémère, pas comme une émission de radio qu’on peut partager sur tous les réseaux. 

La parole est improvisée. Ils peuvent choisir ce qu’ils disent, s’ils ont envie de dire. Ils ont la liberté de ne pas raconter exactement la même chose d’un soir à l’autre. 

La scène permet aussi une rencontre avec le public.

A.C. Ce qui est important pour nous, c’est que le public puisse passer une heure avec quelqu’un qui a grandi en Ukraine, ou à Gaza, ou en France. Je pense que ça fait du bien à tout le monde d’écouter quelqu’un de différent de nous se raconter. Ça paraît très simple, mais c’est peut-être le plus compliqué aujourd’hui.

Quel dispositif scénique avez-vous créé pour permettre cela ? 

A.B. Il y a un côté plurimédia qui vient, je pense, de notre envie de conserver quelque chose de vivant. Je connais le conducteur d’Aurélie, je sais vers où elle va aller. Je connais aussi la vie des personnes qui sont sur scène, donc il y a des réponses que je peux supposer. Je prépare des dessins, des photos, des images, des idées visuelles qui me semblent pouvoir entrer en résonance avec ce qui va être dit. Ensuite, c’est un savant mélange entre ce qui a été anticipé, et une écoute au plateau qui permet de rebondir, en chopant des phrases, en improvisant un dessin.

Vous présentez trois chapitres de Radio Live au Festival d’Avignon. Comment se construit ce triptyque ? 

A.C. Il y a des préoccupations communes, comme la question de la réconciliation. Elle n’est pas résolue, évidemment, mais elle est au cœur de toutes les vies qui se racontent et c’est un enjeu vital pour tous les endroits qu’on a parcourus.

Dans Vivantes, trois femmes d’Ukraine, de Bosnie et de Syrie sont parties ensemble à Sarajevo pour questionner la société d’après-guerre.

Nos vies à venir porte sur le Liban, la Syrie et Gaza. On est partis au Liban, où la question de la reconstruction, aux sens propre et figuré, se pose fortement. L’idée est de parler de ce qu’on construit aujourd’hui pour le futur.

Et pour uni·e·s, on est parti au Rwanda. La question de la justice est au centre de ce chapitre. Mais c’est aussi réunir des identités multiples : une franco-marocaine, un palestinien-syrien et un rwandais-congolais. Ce sont des gens qui n’ont pas envie de choisir et qui s’inventent à partir de ça.

Les chapitres sont indépendants, mais quand on voit les trois à la suite, c’est comme un relais de récits, d’autres lignes de sens qui s’ouvrent. 

PROPOS RECUEILLIS PAR CHLOÉ MACAIRE 

Chapitre 1 : Vivantes - 14 et 19 juillet 
Chapitre 2 : Nos vies à venir - 15 et 20 juillet 
Chapitre 3 : Réuni·es - 16 et 21 juillet 
Chapitre 1, 2, 3 : Intégrale - 18 juillet


Théâtre Benoît-XII, Avignon

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