Chaque été désormais notre région flambe, transformant nos forêts et maquis en désert, détruisant nos maisons et nos mémoires, épargnant encore nos vies, tandis qu’au Texas des enfants se noient par dizaines. La mise à sac des services d’alerte météo a entraîné le pire aux États-Unis trumpiens, il a été évité à Marseille par le courage de l’armée du feu, malgré une flotte de Canadair vieillissante et trop peu nombreuse. 70 maisons détruites, autant de vies dévastées.
Au Festival d’Avignon, ce sont d’autres dévastations qui reçoivent le soutien des artistes. Alors que la ministre s’annonce et se désiste – viendra viendra pas, la valse-hésitation serait comique si elle ne révélait pas l’intense rejet de sa politique, et son incroyable mépris du plus grand événement de théâtre du monde – les artistes s’engagent.
Laurence Chable, Anne Teresa de Keersmaeker, Radouan Mriziga, Milo Rau et Martial du Fonzo Bo, artistes signataires programmée au Festival d’Avignon, ont lu la Nouvelle déclaration d’Avignon devant la porte du Palais des papes. Respectivement en français, anglais, arabe, allemand et espagnol, sous le regard de Tiago Rodrigues. La tribune, parue dans Télérama et signée par des centaines d’artistes et professionnels de la culture, réclame la reconnaissance de l’État palestinien et l’application des sanctions prévues par le droit international [lire ici].
Mobilisation historique des artistes
Trente ans après Srebrenica, elle rappelle la grève de la faim historique des artistes après la Déclaration d’Avignon en 1995. Ariane Mnouchkine, Maguy Marin, Olivier Py, Emmanuel de Véricourt et François Tanguy avaient efficacement réveillé les consciences. Qu’en sera-t-il aujourd’hui, alors que la disparition de Thierry Ardisson occupe bien davantage les médias et la ministre que l’appel international devant le Palais des Papes ? Qu’en sera-t-il, alors que l’Union européenne hésite à sanctionner un pays « ami » malgré la qualification de génocide, sans ambiguïté, de l’Onu, et les 56 000 morts dénombrés, dont la moitié d’enfants ? Qu’en sera-t-il alors que l’effroyable atrocité du 7-Octobre semble légitimer pour certains la destruction systématique d’un peuple ?
Les enfants d’Abraham, les enfants de Sem, sont-ils devenus des ennemis irréconciliables ? Les actes antisémites, anti-arabes, anti-migrants vont ils continuer de se multiplier jusque dans nos rues, dans nos lois, nos accords internationaux, nos déclarations publiques ?
Jamais plus nous ne pourrons dire « nous ne savions pas ». Jamais plus nous ne pourrons dire « Israël a le droit de se défendre ». L’État hébreu a démontré en Iran qu’il sait parfaitement cibler ses objectifs, et perpétrer des frappes chirurgicales s’il le veut. La destruction systématique des hôpitaux, des écoles, des universités, des immeubles d’habitations, des convois alimentaires, des journalistes et des soignants, est un projet politique. Génocidaire. Qu’il est criminel d’excuser.
Agnès Freschel
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