Au Pôle Nord, non loin de la gare, l’Agence de Voyages Imaginaires, au programme du festival d’Avignon, n’était pas présente pour voir les flammes gagner son local. Mais un peu plus loin, les artistes de La Déviation ont bien assisté, impuissants, à la destruction d’une bonne partie de leur infrastructure. Le feu a épargné la plupart de leur production artistique, mais a détruit entre autres leur atelier céramique, leur boulangerie, et des machines destinées à la réparation du lieu.
Un chantier solidaire y était en cours ces derniers mois. La Déviation est une ancienne usine désaffectée, devenue lieu de création et résidence artistique quand un groupe artistes en a obtenu la propriété d’usage. La Déviation avait reçu des subventions de la mairie de Marseille et du département, pour restaurer toit et mur. L’incendie force à un départ à zéro bien malvenu.
Sur place le 8 juillet, Lila raconte la fumée descendant des collines à l’arrière, vers 13h. L’ascension desdites collines, la réalisation du danger qui arrive. Les coups de fils aux voisins, dont certains s’étaient confinés sur conseil de l’Etat. L’appel à l’évacuation. A 15h, la Déviation est atteinte par les flammes. A 19h, les pompiers, débordés, finissent par arriver. Ils réussissent tout de même à sauver la majeure partie du bâtiment principal.
A l’Estaque, de plus en plus d’artistes établissent leurs ateliers depuis les années 2000. Lila explique que dans cette commune en périphérie de Marseille, différents histoires d’immigration se mélangent, et le dialogue ouvrier-artiste est facile. Après le traumatisme, la solidarité des habitants a mis du baume aux cœurs des artistes touchés. Une cagnotte, lancée dans l’urgence sur Instagram (@la_deviation), avait déjà récolté 23 000€ dimanche. Entre attachement fort au lieu et soutien continu des Estaquéens, une chose est sûre pour Lila : ce triste évènement ne marque pas la fin de la Déviation.
Un appel aux dons est aussi en cours pour aider Valérie Bournet, co-gérante de l’Agence de Voyages Imaginaires, dont la maison a brûlé, en plus d’une partie de son lieu de travail : Solidarité Maison Valerie sur Lichee a recueilli plus de 20 000.
GABRIELLE SAUVIAT
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