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Combat contemporain

C’est avec un enthousiasme méfiant que l’équipe de Zébuline aborde cette rentrée scolaire. Nos collaborateurs et collaboratrices, qui forment une équipe transgénérationnelle de 21 à 80 ans, s’apprêtent à vivre une année forte mais inquiète, où le journalisme culturel est malheureusement devenu un combat, dans un monde bouleversé qui a pourtant besoin, plus que jamais, de repères culturels et de visions artistiques. 

Nous avançons vers l’inconnu, les difficultés auxquelles se confronte le monde culturel sont inédites. Elles s’inscrivent dans le sillon délétère d’un recul des conquis sociaux du secteur – dont le régime de l’intermittence – d’un lent racornissement des financements publics et d’une panne de la décentralisation des moyens. La situation n’est pas nouvelle mais le processus s’accélère et s’étend sur d’autres fronts : l’arrivée fracassante dans le monde culturel des sous-marins de Stérin, jusque dans le Delta Festival à Marseille, s’accompagne de la promotion tous azimuts, avec argent public, de spectacles historiques de type Rocher Mistral vantant la France éternelle d’Ancien Régime. 

Les attaques contre la liberté de création, l’autocensure des programmateurs se ressentent âprement. Les fondations des milliardaires français spéculent sur l’art contemporain, alors que le cours des œuvres est alimenté par les expos publiques, et que les collectionneurs bénéficient de cadeaux fiscaux. Ils sont les premiers financeurs de l’art, comme Canal+ et Bolloré sont les premiers financeurs privés du cinéma français.

Le cinéma et les arts contemporains peuvent-ils, dans ce contexte, demeurer subversifs ? Certains  artistes exposés à La Friche et Pareidolie en font la preuve, comme Le Bruit du Monde ou Au Diable Vauvert démontrent que l’édition indépendante persiste en beauté loin de Paris et d’Hachette. Mais combien de temps une presse culturelle libre pourra-t-elle, en région, les soutenir ? 

Comptant pour rien

Le traitement de la culture dans la presse est en voie de disparition. Les blogs tiennent lieu de critique, les commentaires de spectateurs de baromètre. Mais la presse nationale n’est pas en reste d’aberration culturelle. 

Le Monde du 1er septembre publie un article qui recommande 18 expos, « à Paris et en province ». Le terme est péjoratif – une provincia, pour la république romaine, c’est un pays réduit à la dépendance par la conquête, et administré par le pouvoir central. Pourquoi ne pas simplement dire 18 expos en France ? Et bien parce que la proportion ne le permet pas…  

Sur les 18 expos recommandées, 3 seulement sont hors de Paris. Soit 1 sur 6. Or 1 Français sur 34 seulement vit à Paris, 1 sur 6 en Île-de-France. Les sept journalistes ont-il malencontreusement inversé la proportion ? Parmi ces 3 expos pour les 66 millions de non parisiens, celle du Louvre Lens sur l’art gothique, l’expo Sumo du musée des arts asiatiques de Nice qui interroge (le journaliste y a-t-il passé ses vacances ?), et une troisième, monographique, à Grenoble, sur Alina Szapocznikow qui « bat aujourd’hui des records sur le marché ». 

Les 15 autres se consacrent aux expos à venir des musées parisiens : Louvre, Orsay, musée d’art moderne, Cluny, l’Orangeraie, ou l’expo des dessins de Soulages au Sénat – alors même que Montpellier rend un grand et magnifique hommage au peintre, graveur et sculpteur de lumière. À coté des musées publics, on n’oublie surtout pas la Fondation Louis Vuitton, la Collection Pinault et la Fondation Cartier. 

Ainsi marchandisation de l’art et centralisme culturel règnent en maîtres, dans un journal qui se veut national, mais promeut uniquement la culture parisienne, en servant les milliardaires français que ses journalistes politiques et économiques n’épargnent pas, pourtant. 

Comptant sur vous

À l’opposé, Zébuline milite pour donner de la visibilité aux artistes émergents, vieillissants, queer·e·s, régionaux, aux programmateurs qui prennent le risque de la subversion, de l’écriture inclusive, de la complexité, de la dialectique, de l’incommode. Nous restons persuadés que la démocratie locale a besoin de presse régionale et de vie culturelle. 

Les financements publics de la presse étant largement accaparés par les grands groupes aux mains de milliardaires aux intentions désormais avouées, nous avons aussi besoin de vous : pour que nous puissions continuer à vous défendre, à vous informer, à vous critiquer, vous pouvez vous abonner en ce début de saison. Ou acheter notre guide des saisons qui sort le 19 septembre et communiquer sur vos événements dans nos pages !

AGNÈS FRESCHEL


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