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Les Suds multiples du Philharmonique

L’orchestre de l’Opéra a produit un concert exceptionnel dirigé par Valentin Uryupin de main de maître, avec ou sans baguette

Il est quelques partitions que les chefs redoutent. Les difficultés rythmiques de Stravinsky peuvent en faire partie, ou au contraire les équilibres fragiles de Ravel, les galopades endiablées de De Falla. Valentin Uryupin, délaissant sa baguette quand l’orchestre se réduit, donnant des indications caressantes aux solistes, ouvrant grand les bras pour animer Petrouchka, a fait sonner l’orchestre en force et en nuances, en élans collectifs et en soli merveilleux, faisant naître un plaisir visible sur le visage de chaque instrumentiste. 

Il faut dire que le programme était particulièrement bien conçu, reposant sur des pièces écrites au début du XXe siècle, par des compositeurs regardant chacun vers son Sud. Manuel de Falla fait sonner son Andalousie dans le Tricorne, écrit pour les Ballets russes en 1919 et dont la Suite en trois parties a donné le ton d’un concert haut en couleurs sonores. 

La soprano Marina Monzó vient ensuite pigmenter encore ces paysages, entre France et Espagne : la sublime Vocalise de Ravel fait entendre, sans parole, l’attrait du français pour la habanera et les timbres ensoleillés ; Les quatre chansons françaises de Britten, composées lorsqu’il étaitado et épris de poésie française (Hugo, Verlaine…), font preuve d’une maîtrise orchestrale étonnante ; les Cuatro madrigales amatorio de Joaquin Rodrigo retournent en Espagne, avec des souvenirs baroques et une modernité retenue, tandis que Les Filles de Cadix de Léo Delibes couronnent ce voyage en Andalousie d’espagnolades flamboyantes débordant d’exotisme débridé. La soprano de Valencia, à l’aise dans ces zones frontalières géographiques et musicales, captive l’émotion de la salle de ses aigus clairs et sonores, et de sa magnifique conduite des phrases, dans chacun des registres… 

Mais le clou du concert est sans aucun doute le Petrouchka, composé par Stravinsky à Paris pour les Ballets russes. La formidable modernité de ce ballet à argument écrit entre L’Oiseau de Feu et le Sacre du Printemps étonnetoujours, plus d’un siècle après son écriture. Les collages, les citations et réminiscences, les parties solistes acrobatiques, les polyrythmies, les tritons du diable et les quartes augmentées… inscrivent la musique dans un autre espace, un autre temps, que les pièces précédentes. Le pantin Petrouchka grince, se bat, aime, les forces s’affrontent, les récits perdent pied et le combat devient épique et jubilatoire. Toute la force d’un magnifique orchestre, sur scène, applaudi à tout rompre par une salle pleine d’un public renouvelé !

AGNÈS FRESCHEL

Le concert de l’orchestre philharmonique de Marseille a été joué le 26 février à l’Opéra.

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