Zébuline. Quel est le projet de Cultures du Cœur à l’origine ?
Karine Lacôme. Cultures du Cœur est une association nationale créée en 1998. Dans les Bouches-du-Rhône, elle existe depuis fin 2000. Notre objectif est de favoriser l’accès à l’art et à la culture pour les personnes en difficulté, quelle que soit la difficulté.
Dès le début, nous avons mis en place des partenariats avec des structures culturelles qui offrent des invitations, que l’on met ensuite à disposition sur notre site national. Les structures sociales adhérant à l’association peuvent les consulter et les réserver pour le public.
Cette billetterie solidaire est un peu la face émergée de l’iceberg. Mais la gratuité ne suffit pas. On s’aperçoit que même quand on surmonte la barrière financière, qui est la plus évidente, il reste toutes les barrières psychologiques, d’accès et d’information. Très rapidement, nous avons donc mené un travail de sensibilisation des professionnels du social et de la culture, et organisé des rencontres pour réfléchir ensemble à comment permettre aux publics en difficulté de mieux se saisir des offres culturelles.
Comment ce projet a-t-il évolué, ainsi que le lien avec vos partenaires, en 25 ans ?
Aujourd’hui, nous travaillons vraiment en réseau avec les structures sociales, culturelles, et aussi avec les institutions qui se sont très vite saisies de cette question-là. Actuellement nous comptons 250 structures sociales adhérentes dans les Bouches-du-Rhône et 247 structures culturelles partenaires.
Nous avons mis en place des formations professionnelles certifiantes pour les professionnels du social, qui se rendent bien compte de ce que ça apporte aux personnes qu’ils suivent, et qu’ils peuvent vraiment se saisir de projets culturels pour travailler des thématiques sociales. Mais ils ne sont pas formés à cela.
Nous avons aussi développé la pratique artistique. Aller au spectacle, c’est bien, c’est important, mais il y a des personnes qui préfèrent découvrir l’art et la culture par le biais de la pratique artistique. Dès 2007, nous avons mis en place des ateliers d’écriture, puis des ateliers théâtres avec Anne-Marie Bonnabel.
Il y a aussi les permanences culturelles, menées dans les structures sociales en binôme avec elles. C’est très important : on ne vient pas faire à la place de la structure sociale, mais avec. Ce sont des moments conviviaux où on parle avec les gens de culture, de ce qu’ils aiment faire, de ce qu’est leur quotidien. L’idée, c’est à la fois de proposer des choses qui nous semblent pertinentes, en concertation avec le travailleur social, mais aussi de répondre aux envies des gens.
Nous essayons vraiment de mettre les publics, les personnes, au centre. Par exemple, nous avons un projet qui s’appelle Porteurs de culture, que l’on le teste dans le 3e arrondissement. Une animatrice socio-culturelle repère des personnes dans des collectifs d’habitants, dans des associations de parents d’élèves, qui peuvent être un peu portes-paroles des envies culturelles des habitants. C’est le cas de Kaya, qui figure dans l’exposition. On travaille directement avec ces collectifs, des mères souvent, sur la manière d’amener la culture différemment et de l’intégrer au quotidien.

Comment a été pensée cette exposition anniversaire ?
Nous avions vraiment envie de mettre en avant et de remercier l’ensemble des personnes qui font que Culture du Cœur existe, c’est-à-dire à la fois des bénévoles, les bénéficiaires évidemment, et puis les partenaires sociaux et les partenaires culturels. L’idée était d’être représentatif du territoire des Bouches-du-Rhône, puisque nous sommes présents sur tout le département. Il y a 25 portraits, et une photo d’équipe.
Et aussi la carte postale. Depuis longtemps, nous utilisons des cartes postales qui permettent aux personnes d’écrire un témoignage sur les sorties, et de partager aussi des émotions. Il n’y a pas d’obligation, mais nous en recevons quand même souvent. C’est un outil assez utilisé dans les permanences culturelles. Pour les 25 ans, nous avons donc mis en place cette grande carte postale pour que lors de la soirée anniversaire, qui veut puisse partager ses impressions et nous faire un petit retour.
PROPOS RECUEILLIS PAR CHLOÉ MACAIRE
25 ans en 25 portraits
Pour ses 25 ans, l’association présente à la Cité de la musique de Marseille une exposition en forme d’« hommage à toutes les personnes qui font Cultures du Cœur ». Celle-ci est composée de 25 portraits réalisés par le photographe Emilio Guzman.
Face à l’entrée, le sourire de Anne-Marie Bonnabel, bénévole depuis 10 ans, accueille les visiteur·euses. C’est elle qui a créé les ateliers de pratique théâtrale de l’association, ainsi que la troupe Cultures du Cœur, invitée deux fois au Festival C’est pas du luxe !. Farouk, dont le portrait est exposé un peu plus loin, en faisait partie. Son sourire répond à ceux de toutes les autres personnes photographiées : une famille aixoise s’étant rendue au Festival d’Avignon cet été, des bénévoles organisant des balades culturelles dans Marseille, une éducatrice spécialisée de Port-de-Bouc, des travailleur·euses culturels de tout le département…
Chaque portrait s’accompagne d’un court témoignage, toujours émouvant, sur ce que représente Cultures du Cœur pour la personne représentée. C.M.
Jusqu’au 30 septembre
Cité de la musique, Marseille
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