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AccueilCinéma L’Engloutie

[ Canebière Film Festival] L’Engloutie

Le premier long métrage de Louise Hémon,.Un film à la lisière du visible et de l’invisible qui vient de remporter le Prix du Public

Une nuit d’encre, Un vent violent et glacial. La lueur de deux lanternes au fond du cadre, noir. C’est ainsi que débutent le film de Louise Hémon et le long hiver d’Aimée, une jeune institutrice nommée dans un hameau de la vallée du Véneon.  Elle est conduite dans un chalet des plus rustiques, chargée d’apporter l’éducation et les valeurs républicaines en cette fin du 19e siècle. Elle doit apprendre le français à quatre enfants qui ne parlent que le patois. Là, les vaches font « Brou brou » et  les  mères passent l’hiver dans la vallée comme domestiques.  Leçons d’écriture, de géographie avec un planisphère, d’histoire, et d’ hygiène. Le bain qu’elle fait prendre aux petits élèves n’est pas du goût des vieilles du hameau : « Les croutes sur la tête protègent le cerveau ; ils vont être malades » : c’est ce qu’elle s’entend dire à une veillée où elle a été invitée. Elle y écoute le récit de la rencontre avec la mort que fait en patois  une vieille femme et qu’un homme lui traduit. Comme un prologue à la mort d’un vieux du hameau, Pépé Jupiter. On ne peut l’enterrer, la terre est gelée. On mettra son cercueil sur le toit de l’école : ainsi il sera accompagné par les jeux et les rires des enfants : un des plans les plus saisissants  du film, inspiré à Louise Hémon par une nouvelle de son grand père, Jacques Chevallier, La Bière sur le toit. Aimée  qui est venue dans ce village « pour donner, pour que les enfants deviennent des citoyens libres et émancipés » n’est d’abord ni comprise, ni acceptée. Au fil des jours, elle découvre les rituels, participe aux veillées où l’on joue de la musique, l’on danse, où l’on croise les regards des jeunes hommes à la lueur du feu ou des chandelles. Aimée est une jeune femme, qui a des désirs, qui se fait plaisir, plaisir solitaire ou partagé. Quand… deux hommes  (Samuel Kircher et Matthieu Lucci) disparaissent tour à tour, engloutis par la montagne…Le mythe de Samarcande n’est pas loin.

C’est dans cette nature hostile, sombre, glaciale que nous immerge Louise Hémon, en pleine tempête de neige, dans le noir, à la lueur de la lune ou des torches. Des décors conçus par la cheffe décoratrice, Anna Le Mouël. On nous fait partager les émotions, les certitudes, les découvertes de cette jeune institutrice qu’interprète avec conviction Galatéa Bellugi. Dans une scène très forte, on la voit s’appliquer à répéter les mots en patois que lui apprend un de ses élèves ! Visages souvent filmés en gros plan, recadrés par une fenêtre ou reflétés : la mise en scène est très soignée et on imagine que le tournage n’a pas été des plus simples. « Avec ma chef-opératrice, Marine Atlan, nous avons décidé de filmer en 4/3 car cela m’évoque une cinématographie ancienne, le cinéma muet. Et au lieu d’exploiter le décor dans sa majesté en scope ou en 16:9, cela augmente la verticalité de la montagne et c’est plus étouffant »

La musique d’Emile Sornin joue ici un rôle important, accentuant la sensualité du film et y ajoutant du surnaturel  comme la séquence de la grotte qui respire et  halète, peut être de plaisir.

Un film à la lisière du visible et de l’invisible.

Annie Gava

Le film a été présenté en avant-première au Canebière Film Festival en présence de Louise Hémon et de la cheffe décoratrice  Anna le Mouël

Lire ICI l’interview d’Anna Le Mouël et ICI celle de Louise Hémon

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