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AccueilCinéma La promesse d'Imane

[PRIMED] La promesse d’Imane

Le 5 décembre, à l’occasion du débat sur les violences sexuelles faites aux femmes, et le samedi 6 décembre, à l’Alcazar dans le cadre de la compétition Enjeux méditerranéens, projection de La promesse d’Imane de Nadia Zouani

Nadia Zouaoui a commencé à échanger avec Imane Chibane en 2015, après le meurtre de Razika Cherif dans la petite ville algérienne de Magra : un automobiliste furieux que Razika ait refusé ses avances, lui roule dessus à deux reprises. Le coupable n’est pas un déséquilibré, c’est même un très gentil garçon selon ses voisins. Il est le symptôme et le produit d’une société malade, le fils d’un pays qui n’aime pas les femmes, et les considère comme des mineures à vie. Imane a 20 ans. Et elle est en colère devant les violences et les injustices faites aux femmes. Telle empêchée d’entrer à l’université et de passer son examen pour une jupe trop courte, telle déboutée par la police complice de son harceleur, telle battue pour avoir fait un jogging avant la rupture du jeûne. Des manquements impunis, des brutalités excusées, une banalisation du harcèlement quotidien dans les transports en commun et l’espace public, qu’Imane, consciente du pouvoir des réseaux sociaux, décide de dénoncer systématiquement sur son blog. Architecte de formation, elle devient journaliste et militante. On la trouve morte en 2019 avec son fiancé et deux amies dans un appartement d’Alger, victimes tous quatre d’asphyxie par monoxyde de carbone. Elle a 26 ans.

Imane avait aimé le film de Nadia Zouaoui, Le voyage de Nadia (2006) co-réalisé avec Carmen Garcia, qui évoquait un mariage forcé, et un retour en Kabylie des années après pour voir si les choses avaient changé. Imane et Nadia s’étaient rapprochées et la cinéaste algéro-canadienne s’était engagée à documenter sa lutte.

De guerre jamais lasse

Ce film cherche à honorer cette promesse à titre posthume, dans la continuité des combats pour les droits des femmes. Pour la faire exister à l’écran, Nadia a peu d’images d’Imane. Deux interviews télévisées. Quelques photos de la jeune femme, c’est tout… Le portrait se fera donc à travers la mémoire de ses amies et de sa cousine Asma sur le chemin de Bejaia où elles doivent se retrouver en souvenir d’Imane. Dans l’émotion, les larmes réprimées, la joie des retrouvailles et des bons souvenirs aussi. Il se complètera avec les témoignages de celles qu’Imane a marquées pour toujours. Ludmila Akkache, documentariste, activiste féministe, Nisma Tigrine enseignante de tamazight, une génération qui continue le combat. La restitution collective proposée ici ne se contente pas de reconstruire le passé. Elle ressuscite Imane dans le présent, l’associe au futur des luttes. Car tous les discours concordent : Imane vit en chacune, leur donne de la force quand elles doivent affronter dans leur quotidien le sexisme, les conduites machistes ou le découragement. Ludmila Akkache parle d’un « burn out féministe » quand elle se dit qu’elle répare des poupées cassées mais ne parvient pas à casser la machine qui les fabrique. Mais a-t-on le droit d’abdiquer ? La présence d’Imane s’affirme à l’écran par la mise en scène de son blog. Nadia Zouaoui affiche ses pages, ses slogans, scénarise les faits divers collectés, montre des manifestations de femmes, et fait entendre les très beaux textes de la blogueuse, dont le dernier adressé à une fille future qu’elle ne connaîtra pas.

C’est un très beau mot « promesse » il recèle l’idée d’engagement, de fidélité, et parie sur l’avenir.

ELISE PADOVANI

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