Un avion qui atterrit à Palerme. Un coup de téléphone. C’est Giuseppe Schillaci qui vient rencontrer et filmer Sergione, Sergio Spatola , le protagoniste de son nouveau documentaire, Bosco Grande. Bosco Grande est un quartier populaire de la capitale de la Sicile et …de la maffia. C’est d’ailleurs contre l’emprise de de cette culture maffieuse dans les années 80 que Sergione, légendaire punk, a résisté. Giuseppe Schillaci , lui- même palermitain, décide de faire un nouveau documentaire sur sa ville natale et contacte Fabio Sgroi, un photographe qui avait été dans sa jeunesse guitariste d’un groupe punk, MG et qui a collaboré avec Laetitia Battaglia. « Je veux faire un film sur les années 80 à Palerme ». C’est ainsi qu’il rencontre Sergio et nous aussi : la première image de lui, assis dans un petit appartement est un choc ; il pèse 260 kg ! Il est tatoueur à présent et ne sort pas de chez lui. Grâce à Giuseppe Schillaci,nous allons approcher cet homme, comprendre son mal être et pouvoir le regarder sans dégoût, sans rejet au fil du film. Il se confie facilement, Sergio ; il parle de sa famille « un peu dans l’ambiance de la maffia » Il a vu des choses qu’il n’aimait pas. Battu par son père qui le traitait de bon à rien. Âgé d’à peine 13 ans, il restait parfois absent toute une semaine de chez lui et personne ne s’en souciait.. Sa mère lui répétait « Ne rentre pas à la maison, si tu as pris des coups ! » Une mère qui ne se déplace pas pour le voir même quand in ne sort plus de son lit depuis 5 ou 6 mois. Il a compensé le manque d’amour de sa famille en mangeant trop, beaucoup trop. Un séjour d’un mois dans un centre spécialisé pour l’obésité lui permet de perdre 35 kgs mais il s’en échappe au bout d’un mois. Il ne veut pas guérir. « Je suis comme ces gens qui sont restés si longtemps en prison qu’à l’intérieur, ils sont quelqu’un, mais dès qu’ils sortent, ils ne sont plus personne. » confie –t-il

Giuseppe Schillaci revient le voir à plusieurs reprises filmant avec beaucoup de tendresse cet homme qui est devenu son ami, nous permettant ainsi d’approcher un homme à qui la vie n’a pas souri. Il donne la parole à ses amis, mêlant images d’archives, photos, musique.
« Son énorme corps immobile est l’emblème de sa rébellion désespérée » confie le réalisateur. Le corps de Sergione devient décor et symbole, contre la culture bourgeoise et mafieuse, contre la violence, contre les valeurs patriarcales ; la caméra l’observe, tel un roi sur son trône, un roi prisonnier. Sergio qui est resté punk et en a gardé la devise « live fast – die young » Bosco grande est certes très inconfortable par moments mais permet de regarder autrement un homme atypique, fragile blessé par le manque d’amour et la solitude, un homme révolté.
Annie Gava
Primed du 29 novembre au 6 décembre






