Mettre en lumière les aspects méconnus et parfois peu reluisants de la haute-couture, voilà le parti pris par Caroline Guiela Nguyen avec Lacrima. Marion Nicolas, première d’atelier de la maison de haute couture Beliana, est sélectionnée pour confectionner la robe de mariée de la princesse d’Angleterre. Revers de la médaille : elle et ses modélistes n’auront que huit mois pour achever la robe. Le spectateur est alors emporté dans une valse qui le convie tantôt auprès des modélistes parisiennes, tantôt dans les ateliers des dentelières d’Alençon, tantôt aux côtés des brodeurs de Mumbaï au gré d’une scénographie qui s’appuie sur des procédés technologiques issus du cinéma pour orchestrer la superposition de ces différents lieux.
Loin d’être seulement technique, ce dispositif souligne le lien inextricable qui unit ces travailleurs du textile tout en soulignant les contrastes saisissants qui les opposent. À l’aune des trajectoires de vie de Thérèse à Alençon, d’Abdu Gani à Mumbaï et de Marion Nicolas à Paris, il nous est alors donné d’appréhender la dureté de ce secteur d’activité dont les maux sont somme toute bien ordinaires : surmenage, pénibilité, sujétion aliénante aux lubies arbitraires de commanditaires indifférents aux difficultés rencontrées par les petites mains qui les exaucent. Le titre de la pièce, « les larmes » en latin, prend alors tout son sens et résonne comme un écho de toutes ces peines. Présentée au Festival d’Avignon en 2024, la pièce sera jouée à La Criée, sur invitation du Théâtre du Gymnase du 10 au 12 décembre 2025.
Lacrima
Du 10 au 12 décembre
La Criée, Théâtre national de Marseille
Une proposition du Théâtre du Gymnase hors les murs
Retrouvez nos articles Scènes ici






