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AccueilÀ la UneAu bon souvenir de Lilith

Au bon souvenir de Lilith

Sur la scène du Badaboum Théâtre, la metteuse en scène Karine Jurquet invite le jeune public à rencontrer le personnage mythologique de Lilith et à questionner la puissance des récits

« Ceux qui racontent les histoires dirigent la société », disait Platon. Alors, comment aurait été le monde s’il avait été bâti par d’autres histoires ? Les récits sont de drôles de choses : ils façonnent notre univers, modifient nos perceptions. Certains sont figés, personne ne les interroge ; d’autres sont effacés, écartés volontairement pour arranger l’Histoire. Celui de Lilith fait partie de ces oubliés. Pourtant, de nombreuses légendes ont nourri cette figure à travers les siècles et les continents. Son parcours a connu une multitude de versions selon le regard que chacun·e a pu lui porter. Mais lesquelles croire ? Souvent décrite comme trop rebelle, Lilith est devenue au fil du temps un mythe aux contours mouvants… c’est ce propose d’explorer le Badaboum Théâtre, dans sa création 2025 : Lilith, la guerre des récits.

Dieu créa Adam et Lilith« Comment tout a commencé ? » À travers ses lunettes, une mystérieuse narratrice remonte le fil de la création du monde. Avec son installation vidéo fait maison, elle manipule objets et personnages : sons, décors et paysages prennent vie entre ses mains. Dans cette version, Dieu a créé l’univers, Lilith et Adam. À peine apparus, les deux personnages s’animent en direct sur la scène du Badaboum à travers les corps de Laëtitia Langlet et Geoffroy Rondeau.

Les voilà explorant le monde, heureux·ses de découvrir la magie de la vie : les tableaux se succèdent. Puis, peu à peu, tout dégénère. Adam se met à délimiter des espaces, à vouloir posséder les choses et même Lilith, qui refuse : « Moins je possède, moins je serai possédée » et quitte le jardin d’Éden. En chemin, elle croise un garde-frontière puis une cigogne à deux têtes qui lui glisse à l’oreille : « On ne naît pas femme, on le devient. » Rapidement effacée, Lilith est remplacée par Ève, un hologramme obsédé par son image et ses likes sur les réseaux sociaux.

Une création décalé

Dans cette création, humour, technologie et philosophie s’entremêlent. Le spectacle joue des contrastes et des décalages : l’arbre de la connaissance est un ordinateur, le fruit défendu une pomme d’une célèbre marque, Dieu se nomme IA et évolue aux côtés de son fidèle compagnon, le Chat GPT. Ludique et drôle, le spectacle interroge le pouvoir des histoires sur nos imaginaires. Il devient une hymne féministe concu pour les enfants mais aussi une invitation à repenser et à questionner nos récits fondateurs. Et au fait, si l’on n’avait jamais oublié Lilith, à quoi ressemblerait notre monde aujourd’hui ?

CARLA LORANG

Spectacle vu le 6 décembre au Badaboum Théâtre, Marseille.

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