Le public de Marseille concerts, habitué à des interprétations plus classiques, était un peu désorienté, mais séduit, au cœur d’un théâtre bondé et globalement très enthousiaste. Certains murmuraient, à la sortie, qu’ils préféraient Schubert « en vrai », avec une chanteuse lyrique et « sans micro ». Mais les applaudissements nourris, les rappels, les émotions partagées au fil du concert témoignaient de la profonde compréhension d’un projet aussi particulier que pertinent.
Rosemary Standley, La célèbre chanteuse de Moriarty, comédienne, formidable interprète du Carmen. de François Grémaud, n’a pas la puissance vocale ni l’égalité de timbre pour interpréter les Lieder de Schubert en live. Mais sa musicalité, sa compréhension intime du texte et de ses inflexions, sa maitrise de la voix amplifiée jusqu’aux petites nuances de justesse, légèrement en dessous parfois, font merveille. L’amplification permet de ne jamais claironner, de ne jamais passer en force, d’alléger les aigus, d’approfondir les graves, de ménager d’autres temps forts que les moments d’exploits vocaux que nécessiteraient ces lieder intimes, écrits pour l’intimité des salons, dans une salle si vaste. La pureté cristalline de certains aigus, de certains phrasés, file, ténue, bien plus loin que nos oreilles…
L’Ensemble Contraste (Arnaud Thorette, alto, Antoine Pierlot, violoncelle, Johan Farjot, piano) ne l’accompagne pas mais joue avec elle, transposant simplement parfois les partitions, les réorchestrant ou les réécrivant totalement dans certains passages, dans une belle liberté contemporaine, ou un jazzy parfois trop carré. Les mélodies passent de l’un à l’autre, vibrent, s’annoncent en phrases rythmiques, préparent l’arrivée du chant, s’inscrivent en contrepoint. Un travail d’une subtilité sensible… que l’on peut retrouver sur CD !
AGNÈS FRESCHEL
Schubert in love a été joué le 9 décembre à La Criée dans le cadre de la saison de Marseille Concerts.
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