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AccueilScènesÀ Monaco, le studio de danse est un temple

À Monaco, le studio de danse est un temple

Avec Ma Bayadère, le chorégraphe-directeur des Ballets de Monte-Carlo Jean-Christophe Maillot, signe une relecture personnelle du grand ballet classique

Après avoir revisité les plus grands monuments du répertoire classique – Roméo et Juliette (1996), Cendrillon (1999), Shéhérazade (2009) LAC (2011) et Coppél-I.A. (2019) – et tant d’autres, le chorégraphe Jean-Christophe Maillot s’attaque à un nouveau classique du répertoire chorégraphique : La Bayadère. Ce ballet a été créé en 1877 au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, sur une chorégraphie de Marius Petipa, une musique de Ludwig Minkus et un livret de Petipa et Sergueï Khoudiakov. Il appartient au grand style classique impérial russe, avec une atmosphère exotique inspirée d’une Inde imaginaire. 

Mais on le sait, Maillot n’est pas un artiste qui se contente seulement de reproduire. Le titre seul exprime qu’il va signer une relecture qui promet d’être l’une de ses œuvres les plus personnelles. Fini l’exotisme orientaliste de Marius Petipa (1877) ou la splendeur grandiose de Rudolf Noureev (1992). Le chorégraphe abandonne le pittoresque pour ancrer son ballet dans un territoire qu’il connaît intimement : le quotidien d’une compagnie de danse. Le temple hindou devient studio de répétition, les bayadères se transforment en artistes contemporains, et le drame millénaire se rejoue dans les tensions, les jalousies et les passions d’un groupe de danseurs. « Les bayadères ne sont-elles pas des danseuses sacrées qui ont dédié leur vie à la danse ? interroge le chorégraphe. Tous les danseurs ont fait un choix similaire. Ils ont tout sacrifié pour devenir les artistes qu’ils sont aujourd’hui et, d’une certaine manière, le studio est leur temple. »

Ce qui fascine Maillot dans La Bayadère, ce n’est pas l’exotisme de façade, mais bien les ressorts émotionnels profonds et universels ; à savoir, comment l’arrivée d’une jeune danseuse Nikiya perturbe l’ordre établi, contrarie les projets de chacun pour que le sien puisse éclore. Des dynamiques que le chorégraphe a observées tout au long de sa carrière, d’abord comme danseur, puis comme directeur de compagnie.

Entre générosité et épure

« Ma Bayadère est évidemment une œuvre qui parle de son auteur. Sinon, pourquoi la faire ? confie-t-il. Mes ballets parlent toujours de moi à travers ce qui m’émeut, me révolte, me fait rire, me terrifie ou me rend heureux. » Pour accompagner cette vision, il s’est entouré de Jérôme Kaplan aux décors et costumes. Si le chorégraphe n’a pas la réputation de faire des « ballets chiches », celui qui aime tant ne pas parasiter la place donnée aux corps et au mouvement, insiste : tout doit être justifié par la chorégraphie, rien de superflu.

Et puis, il y a cet acte mythique du « Royaume des Ombres », ce moment suspendu, qui évoque la perfection géométrique du ballet classique, la spiritualité et l’amour absolu entre Solor et Nikya, et exige retenue et épure. « Ce sera l’occasion de créer un contraste puissant, une parenthèse à la fois scénographique et chorégraphique », annonce-t-il, sans en dire davantage. Le mystère reste entier sur la chorégraphie elle-même car le maître évoque l’importance de préserver la surprise.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Ma Bayadère (Création mondiale)
Du 27 décembre 2025 au 4 janvier 2026
Grimaldi Forum, Monaco

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