Du 10 au 15 juin, le Festival Explore a donné aux Marseillais l’occasion de rencontrer des dizaines de chercheurs à travers la ville. Le format d’événements gratuits, souvent ludiques et toujours instructifs, donne l’occasion à chacun de muscler sa culture générale scientifique. À l’Alcazar, le « speed searching » a fait le plein, le public très varié et curieux de la bibliothèque appréciant ce dispositif d’échange en dix minutes chrono, pour découvrir le sujet de recherche d’un chimiste, avant de passer à un neurologue puis un spécialiste du langage, et ainsi de suite.
Expériences en direct
La Fabulerie accueillait quant à elle des « conférences démonstrations » nourries d’échanges avec l’assistance, facilités par la petite jauge. L’occasion, par exemple, pour la biologiste Laurence Mouchnino (CNRS/Amu), de faire connaître ses travaux sur la relation entre le cerveau et la motricité. « La plupart du temps, expliquait-elle, nous voyons notre main là où nous la ressentons. Il y a une cohérence entre la vision et la proprioception*. » Mais dans certains cas, on observe des discordances. Et de le démontrer en sollicitant un spectateur pour jouer le cobaye : avec un simple miroir, difficile de suivre un tracé pourtant relativement simple, les mouvements deviennent imprécis.
Dans la vie quotidienne, les humains sont en conflit sensoriel, très fatiguant pour le cerveau, lorsqu’ils manipulent une souris à l’horizontale pour un effet vertical à l’écran, quand ils regardent à travers une loupe… ou lorsqu’ils changent la correction de leurs lunettes de vue. Ces exercices nécessitent un temps d’adaptation. Conclusion de la chercheuse : il vaut mieux que les chirurgiens en télé-opération s’entraînent ! Tout comme le font les pianistes : au début, ils ont besoin de conjuguer la vision à la proprioception, avant de pouvoir jouer sans regarder les touches, en anticipant l’effet du mouvement sur le son. « Nous sommes inégaux devant ces difficultés, certains y arrivent mieux que d’autres. » Y aurait-il une différence entre les gauchers et les droitiers ?, demande-t-on dans le public ? Réponse : la science y travaille, mais peine à recruter suffisamment de gauchers pour ses études.
GAËLLE CLOAREC
* Perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps, sans recours à la vision
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