Quand le pays d’Apt se revêt des couleurs d’automne, on sait que c’est le moment de partir en voyage en cinéma africain à l’occasion du festival Africapt. Cette année, pas moins d’une vingtaine de longs métrages, fictions et documentaires sans oublier trois séances de courts métrages sont présentés au cinéma César d’Apt mais aussi dans les villages environnants. Des films, de nouveaux talents ou de cinéastes confirmés, qui parlent de questions sociales, culturelles, politiques, ou interrogent et font rêver…
Du nord au sud
Cinq longs métrages viennent d’Algérie : L Effacement de Karim Moussaoui, une chronique familiale et sociétale, un climat de tension jusqu’au dénouement final. 2G de Karim Sayad explore la réalité des anciens passeurs à Agadez en 2021 ; La Langue du feu de Tarek Sami propose un périple entre la Jungle de Calais et l’Afrique du Sud ; Marin des montagnes de Karim Aïnouz, un voyage en Kabylie, dans une quête des origines paternelles. Sans oublier le superbe Bye Bye Tibériade, récit émouvant d’une Palestine déchirée par l’actrice Hiam Abbass et sa fille Lina Soualem.
Deux fictions venues du Maroc : Jours d’été de Faouzi Bensaïdi, film qui explore la complexité des liens familiaux et la fuite inéluctable du temps en revisitant La Cerisaie d’Anton Tchekhov. Et La mer au loin de Saïd Hamich Benlarbi, un parcours initiatique à Marseille qui commence comme un film noir, un mélodrame au rythme du raï.
De Tunisie, le deuxième long de Mehdi M. Barsaoui, Aïcha (Section Orizzonti à la Mostra), inspiré d’un fait réel. Et d’Égypte le beau documentaire de Nada et Ayman El Amir, Les Filles du Nil, qui nous fait partager les doutes, les peurs, les joies, l’énergie d’adolescentes, femmes en devenir. Avec The village next to paradise du Somalien Mo Harawe,on suit la galère d’un père aimant mais un peu défaillant et dans Demba du Sénégalais, Mamadou Dia, la vie d’un père veuf tourmenté et désarmé suite à la mort de sa femme. Venu aussi du Sénégal, l’Ours d’Or de la Berlinale, le très réussi Dahomey de Mati Diop.
Des zébus francophones
Abderrahmane Sissako fait se rencontrer l’Afrique et la Chine dans Black Tea, et grâce à Raoul Peck, on découvrira le travail du grand photographe sud-africain, le premier à avoir exposé au monde entier les horreurs de l’apartheid dans Ernest Cole, photographe. Deux films venus de Madagascar : une fiction, Disco Afrika : une histoire malgache, où Luck Razanajaona s’interroge sur le présent de Madagascar qui se reconstruit. Et un documentaire : Chez les zébus francophones de Lova Nantenaina, l’histoire de Ly, l’un des derniers paysans orateurs de la capitale. Coconut head generation d’Alain Kassanda montre la force du cinéma, avec des étudiants de l’université d’Ibadan, qui n’ont pas « la tête creuse ». Toutes les couleurs du monde de Babatunde Apalowo raconte une histoire d’amour « interdite », entre deux hommes, dans un Lagos poétique.
Africapt c’est aussi des courts-métrages, un ciné-concert (le groupe Oriki propose un voyage dans le Dakar de Djibril Diop Mambéty), et des rencontres avec les cinéastes tous les matins. Un programme alléchant pour tous ceux qui aiment ou ont envie de découvrir le cinéma africain.
ANNIE GAVA
Africapt
Du 7 au 12 novembre
Apt et alentours
africapt-festival.fr