vendredi 17 mai 2024
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Anna Netrebko, nectar d’Orange

Les Chorégies s’achèvent sur un récital de la superstar lyrique russe et de son mari Yusif Eyvazov.

Deux ans après une « Nuit Verdienne » très testostéronée avec Ludovic Tézier, Roberto Alagna et Ildar Abdrazakov, le théâtre antique d’Orange retrouve le pape de l’opéra italien pour un grand gala Verdi, mixte cette fois, avec Anna Netrebko et de Yusif Eyvazov. Le couple star de l’art lyrique, qui avait annulé sa venue à Orange en 2019, est accompagné par leur chef fétiche, Michelangelo Mazza. Ce dernier dirige l’Orchestre philharmonique de Nice avec sobriété : les pupitres bien équilibrés développent d’intéressantes textures, notamment sur le ballet d’Otello.

Sur des pages du grand répertoire romantique verdien (Le Trouvère, Macbeth, La force du destin…), Anna Netrebko, décriée en Russie comme à l’étranger suite à sa réaction pour le moins maladroite à la guerre en Ukraine, démontre qu’elle fait encore partie des plus grandes sopranos du monde. Très théâtrale et charismatique sur scène, elle projette tantôt avec puissance, lorsqu’elle incarne une impitoyable Lady Macbeth, tantôt avec la sobriété expressive que les rôles féminins de Verdi appellent souvent. Le format du récital, qui privilégie les ensembles et les scènes entières aux airs, et le cadre spectaculaire du théâtre antique, participent bien sûr à cette immersion scénique.

Musicalité à toute épreuve

Yusif Eyvazov démontre avec brio qu’il est très loin d’être une simple pièce rapportée : son timbre clair, puissant et expressif brille tout au long de la soirée, en particulier sur La Force du Destin. Le duo avec sa compagne sur le déchirant final d’Aïda est peut-être le point culminant de la soirée : des voix en osmose, une complicité vocale comme scénique et une musicalité à toute épreuve.

Netrebko et Eyvazov sont accompagnés pour ce récital par la mezzo-soprano Elena Zhidkova et le baryton azéri Elchin Azivov. Si la première apparaît très en retrait, vocalement comme scéniquement, le second imprime sa marque lors de beaux duos sur Le Trouvère et surtout sur l’air « Eri tu che macchiavi quell’anima »extrait d’Un bal masqué. Le grand quatuor de Rigoletto « Bella figlia dell’amore » s’avère toutefois vocalement un peu déséquilibré en faveur du duo star de la soirée. Le récital s’achève sur le célébrissime « Libiamo » de La Traviata, comme un clin d’œil à ce rôle emblématique du début de carrière de Netrebko. La boucle est bouclée !

Julius Lay

Concert donné le 24 juillet au théâtre antique d’Orange, dans le cadre des Chorégies.


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