Sept Prix Nobel d’économie, dans une tribune publiée dans Le Monde, rappellent que les milliardaires français possèdent 30% du PIB national, qu’ils n’ont jamais été aussi riches et que, grâce à des optimisations fiscales, ils contribuent très peu au budget de l’État. Ils exhortent à rééquilibrer le budget de l’État par une taxation des milliardaires.
Mais le gouvernement s’oriente plutôt vers l’idée d’une année blanche : en 2026 on gèle tout, les salaires et pensions, les dotations aux collectivités territoriales, les bourses, les allocations, primes d’activité et minimas sociaux, qui ne sont plus indexés sur l’inflation. On récupère ainsi quelques milliards de plus de la plus inégalitaire des façons : en dépouillant davantage les plus pauvres et les plus fragiles.
Pendant ce temps, la planète brûle, les incendies dévastent nos vies, la santé mentale et physique des Français se dégrade, et nous plongeons dans un avenir obscurci où la perspective de cette année blanche prend des allures de spectre menaçant. Nous allons manquer d’enseignants, de lits d’hôpitaux, de suivi psychiatrique, d’aides à l’emploi, au logement, d’aides sociales, de crédits pour la recherche, pour l’université, pour les étudiants, les réfugiés, les maltraité·e·s, les retraité·e·s, pour la transition énergétique, pour la protection du vivant.
D’or et d’argent
La ministre de la Culture représente parfaitement cet effort demandé aux plus démunis par un monde affichant son outrecuidante fortune : elle annonce 6 petits millions supplémentaires pour le spectacle vivant. Veut-elle ainsi déminer une fronde contre sa venue dans les festivals, et l’appel au boycott de la CGT spectacles ?
Mise en examen pour « corruption passive » dans l’affaire Carlos Ghosn, elle vient de perdre son procès en diffamation contre Aurélie Filippetti, n’a pas déclaré 420 000 euros de bijoux (une paille) dans son patrimoine, et semble, d’après Complément d’enquête, avoir reçu 250 000 euros d’honoraires de GDF au moment où elle défendait l’industrie gazière au Parlement européen. Et s’est attaquée violemment, en direct, à un journaliste qui osait l’interroger à ce propos.
Mais si sa réforme de l’audiovisuel public n’est pas passée, elle reste aux commandes d’un ministère dont tous les dispositifs, tous les élans sont à l’arrêt. Qui saupoudre un plan camping, un plan ruralité, une restauration du patrimoine religieux… mais laisse les réseaux labellisés face aux résultats de 12 années blanches : sans indexation de leurs subventions sur l’inflation importante des coûts, sans rééquilibrage entre Paris et le reste du territoire. Une année blanche qui viendra s’ajouter aux baisses des dotations d’Etat aux collectivités, poussées à les répercuter sur les crédits culturels.
Défendons nos couleurs
Le temps du refus est advenu. Jamais le rainbow flag et toutes les déclinaisons LGBTQIA+ n’auront mieux agité leur résistance colorée que pour la Pride marseillaise historique du 5 juillet, destinée à « Briser la vague réactionnaire ». Jamais la diversité, la puissance, la fréquentation optimale de nos festivals ne se sera opposée avec tant de force aux accusations délirantes d’élitisme, de wokisme et de dispendiosité.
Face aux années blanches et à la noirceur du monde, imposons nos couleurs.
AgnÈs Freschel
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