La pièce, créée par le trio d’artistes de La(H)orde qui dirige désormais le Ballet national de Marseille, a des centaines de dates à son actif de tournées internationales. Grâce à la nouvelle direction, le BNM a renoué avec le succès, et la soirée sur le Port a prouvé qu’ils avaient largement gagné le cœur des Marseillais.
Devant l’Hôtel de Ville, dans une manifestation produite par la mairie, la soirée a fait le plein au-delà des prévisions, décevant ceux qui n’ont pas pu approcher de la scène, ni même des écrans, et n’ont pas pu assister au spectacle incroyable de ces danseurs devant le soir qui tombe, la ville qui s’éclaire et les mâts des bateaux qui rentrent au port.
Contre la violence
Les spectateurs qui se pressaient au pied de la scène faisaient davantage penser aux festivaliers des musiques actuelles qu’au public de la danse contemporaine. Il faut dire que les synthétiseurs de Rone, artiste phare de la scène électro française, ne sont pas pour rien dans ce succès. Parce que le musicien accompagne ses citations, samples et arrangements savants d’une gestuelle qui est déjà une chorégraphie.
Mais c’est bien de la danse dont le public parlait. De ses scènes de violence et de recherche d’un mouvement commun. D’une jeunesse confrontée à l’apocalypse à venir et qui refuse la domination. Des scènes crues de meurtres, d’onanisme, d’empoignements, de fin du monde. Puis des figures qu’ils inventent, des portés acrobatiques, pour finir sur une nouvelle dynamique, un ensemble qui se soude et tournoie, où chacun construit ses appuis sur les autres.
Le message répété de la fin, dit dans toutes les langues des interprètes : « Nous luttons contre la violence/Nous luttons contre le racisme/Nous luttons contre la domination ». Il est accueilli par le public debout, le poing levé. Décidément, Marseille change.
Maryvonne Colombani
A Room With a View a été joué le 11 juillet dans le cadre de L’Été marseillais.