mercredi 15 mai 2024
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Du théâtre à la rencontre des invisibles

Dans « Personne n’est ensemble sauf moi », Clea Petrolesi met en scène de jeunes adultes aux handicaps imperceptibles, et à l’épaisseur humaine éclatante.

Ils sont habités par des mythes. Celle qui souffre d’épilepsie parle de Damoclès et de la menace constante qui pèse sur elle. Le jeune autiste asperger est fasciné par Méduse et son regard pétrifiant. Tous sont terriblement émouvants, celle qui n’a pas de mémoire et raconte un entretien d’embauche où elle a menti, celui qui va trop vite qui explique comment son hyperactivité le met à distance des autres. 

Certains récits sont cocasses, comme lorsqu’il explique sa venue à une simulation d’entretien d’embauche déguisé en jardinier, puisque c’était ce qu’il voulait être. Ou l’excellent monologue de la « dys », qui admire comment Christophe Colomb, qui en se plantant de direction et en croyant trouver les Indiens, a transformé son erreur en vérité, et les habitants de ce continent en « Indiens d’Amérique ». 

Chacun regarde le monde autrement, avec l’étonnement de ceux qui ne parviennent pas tout fait à intégrer la société, les groupes, et leurs réflexions ont une saveur poétique puissante. Mais leur expérience du monde, de l’exclusion, des insultes, de la cruauté du regard qu’on porte sur eux et qui les invalident, est profondément bouleversante. 

D’autant que Clea Petrolesi les a amenés, à partir de leurs récits recueillis en ateliers, vers une maitrise scénique impressionnante. Dans chacun de leurs monologues, dans leurs relations aussi. Même s’ils échouent à chanter ensemble – d’où le titre délicieux Personne n’est ensemble sauf moi – ils dansent formidablement, et fabriquent un spectacle d’une humanité rare. 

Agnès Freschel

« Personne n’est ensemble sauf moi » est joué au 11·Avignon jusqu’au 26 juillet.

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