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Avec Julie Azoulay, savourez les mots

Le 17 novembre, le Conservatoire de Brignoles accueillait la nouvelle création de Julie Azoulay, préparée en amont au Chantier de Correns

La nouvelle création de Julie Azoulay, en résidence du 14 au 17 novembre au Chantier,  cette structure atypique et vivifiante de Correns, se pliait au charme des concerts buissonniers du village, et trouvait un écrin privilégié dans l’auditorium du conservatoire de Brignoles. 

Frank Tenaille, directeur artistique du Chantier évoquait la démarche subtile de l’artiste : « une proposition est valide si elle fait bouger les choses sur un plan esthétique, outre ses qualités intrinsèques. Julie Azoulay propose un travail fragile, presque diaphane, métaphysique, inspiré par des textes anciens ». 

Baptisé Nu, comme la lettre de l’alphabet grec, le spectacle s’orchestrait autour de haïkus tissés ensemble pour composer (la forme de ces poèmes serait trop brève pour constituer l’étoffe d’un texte complet) les chansons du programme. « J’ai réuni ces haikus, je les ai mêlés. C’est un défi particulier de faire de la musique sur des poèmes qui parlent du silence. Il faut le moins de moyens possibles, un propos minimaliste dans l’éclat de l’apparition même de l’élément naturel », explique Julie Azoulay. 

La guitare de Jérémie Schacre et les percussions de Thomas Bourgeois enrobent de leur orbe souple les mots des poètes enchâssés dans l’écrin des mélodies. Voici « le ciel (qui) s’abaisse vers les arbres », puis, « immobile et sereine / la grenouille (qui) fixe / les montagnes », ou la narratrice, « une pierre pour oreiller / (qui) accompagne / les nuages ». 

L’infime se fait écho des palpitations d’une âme accordée à la harpe du monde. Le fil des mélodies tisse de secrètes connivences avec les paysages esquissés, légèreté d’une vague, élévation quasi mystique d’un relief, soupirs de la lune, goût du citron, couleur d’un bouton d’or, bruit d’une cascade, respiration d’une fleur… Une gorgée d’eau puisée à la source suffit à illuminer le printemps tandis que la glace en fondant « avec l’eau se raccommode ». Un « oratorio pour le vivant » ainsi que l’a nommé Frank Tenaille se dessine. Cette fluidité délicate semble effleurer les choses alors qu’elle nous livre les clés de notre univers. 

MARYVONNE COLOMBANI

Julie Azoulay a joué sa création le 17 novembre au Conservatoire de Brignoles sur une proposition du Chantier de Correns
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