C’est une exposition aux dimensions modestes, mais à la portée précieuse, qui a été inaugurée le 13 décembre à la Maison Jean Vilar. Maurice Costa, photoreporter du Provençal, a couvert le Festival de 1955 à 1989, et sa veuve a remis l’ensemble de ses négatifs et tirages concernant cette mémoire à l’Association Jean Vilar. Soit près de 12 000 clichés, qui ont été numérises, puis choisis et mis en perspective pour l’exposition. Ainsi un diaporama chronologique fait traverser l’histoire des spectacles en plus de 120 photos, et d’autres tirages sont en perspective avec l’histoire traversée : celle des premiers spectacles, mythiques, voisinent avec des temps de détente, de répétition, que le photographe aimait bien capturer. Puis 1968, avec ses charges de CRS, ses affiches, Jean Vilar debout au centre d’un sit-in, le Living Theatre et le Ballet Béjart qui, étrangers donc non grévistes, jouent dans la tempête ; puis d’autres photographies, tandis que le off se développe, de la rue, des parades, des spectateurs, de la vie extérieure.
Un voyage complété lors de l’inauguration par un pavoisement en fanfare et en percussions. La musique de Maurice Jarre, dont les célèbres trompettes était jouée par un ensemble formé d’élèves et professeurs du Conservatoire, et de diverses associations. Ils accompagnaient une exposition d’oriflammes flamboyants : les originaux commandés par Vilar, de Calder ou Edouard Pignon, et ceux créés cette année lors d’ateliers de pratique artistique.
Fabriquer ensemble
Car une des préoccupations de l’association Jean Vilar est de faire vivre la mémoire et la volonté politique du Théâtre National Populaire au-delà du Festival d’Avignon, et de les partager avec des visiteurs qui ne sont pas des spectateurs assidus de théâtre. Ainsi les ateliers sont menés avec des associations de réfugiés, de mineurs non accompagnées, des associations qui œuvrent dans le champ social, sportif ou de santé. Cécile Helle, maire d’Avignon, saluait ce travail de médiation qui « partage de l’art et de la mémoire avec tous et toutes. »
Un court métrage d’animation, fabriqué lors d’ateliers menés par la plasticienne Camille Goujon avec l’association Génération Sport, redonne ainsi vie aux archives, aux costumes, aux cartes postales et photographies des débuts du festivals. Animés à la main, les costumes sortent des boîtes et dansent, les jeunes rappent dans les photos d’époque, deviennent Gérard Philipe… Une appropriation culturelle de premier choix !
AGNÈS FRESCHEL
(Dé)Couvrir le Festival
Exposition du fonds Maurice Costa
Commissariat : Adrian Blancard et Margot Laurens
Hissez-haut !
Exposition d’oriflammes
Ateliers menés par Pauline Tralongo
Dansez maintenant
Court métrage d’animation
Atelier menés par Camille Goujon
Jusqu’au 31 mai 2025
Maison Jean Vilar, Avignon
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