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AVIGNON OFF : L’Aigle et le Rocher

Dans Destins Croisés Soizik Moreau oppose Napoléon à son chef d'armée prisonnier. Dans sa cellule et même dans l'au-delà, les deux hommes s'affrontent. En vain

Nous sommes à la prison du Temple où Napoléon a fait enfermer le Général Jean-Victor Moreau accusé de conspiration avec les royalistes. C’est évidemment faux mais cette nuit de l’an 1804 Napoléon rend visite à son chef des armées. Il a besoin de lui et manipule toutes les ruses dont il est capable pour obtenir son aide. Mais le Général résiste.

Dans la première partie, les deux hommes s’affrontent dans une joute verbale où sont rappelés tous les événements qui ont marqué leur carrière, victoires ou défaites, espoirs ou débâcles. On est dans une narration ponctuée de points de vue opposés, d’invectives rageuses. le pouvoir oublie facilement son humanité.  Une leçon d’histoire touffue !

Puis la deuxième partie revient à des dialogues saisis dans leur instant. Les deux héros prennent alors plus d’épaisseur. Là où ils sont, ils n’ont plus rien à craindre. Il est donc vain de mentir, d’esquiver, d’affabuler pour ses propres intérêts. 

Soizic Moreau s’est certainement beaucoup documentée sur les relations entre le Général Moreau et Napoléon, sur ses orgueilleuses visées de l’Empire face aux valeurs de la République. Sa fiction historique quoique très respectueuse de l’Histoire, s’en écarte parfois pour étudier le comportement de deux hommes qui se respectent par empathie mais se détestent pour des raisons politiques et de conceptions de la vie.

Les deux comédiens, Jean-Louis Cassarino et Arnaud Arbessier déploient une énergie toute en force et appuient dans leur jeu, la rigidité de leurs visons du monde. Comme dans le texte on aurait pourtant aimé plus de nuances pour que ces deux « monstres » de certitudes accusent quelques faiblesses, quelques doutes. La mise en scène d’Antoine Campo adoucit une représentation âpre, ses silences allègent l’abondance des dialogues. Avec ces « Destins croisés« , on devine un Napoléon peu iconique, et surtout on découvre Jean-Victor Moreau dont on remarquera enfin, le nom gravé sur l’Arc de Triomphe parisien.

JEAN-LOUIS CHÂLES

Destins Croisés
Jusqu’au 21 juillet
Théâtre des Corps-Saints, Avignon

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