C’est du Joly, mise en scène par François Boursier, balaie les appréhensions suscitées à l’annonce du spectacle, sueurs froides au souvenir d’une affligeante soirée télévisée où plusieurs artistes avaient repris ses sketches… Sylvie Joly avait un humour, une diction, un phrasé bien à elle !
Sous-titré Petit procès pour grande dame, le seule-en-scène invente un angle inattendu pour ressusciter une personnalité hors du commun. Elle est accusée, à la barre, d’avoir parlé en toute liberté de sujets jusqu’alors réservés aux comiques masculins, face à une femme juge bourrée de tics, escortée d’un huissier au nez rouge, d’un avocat de l’accusation gâteux, d’une avocate de la défense bégayante.
Choc de talents
Le procès, hilarant et respectueux de celle qui voulait être clown, offre de très plaisantes séquences. Défileront à la barre quelques personnages mythiques de son répertoire, quelques bribes d’interjections de Sylvie elle-même. Très joliment dirigée par François Boursier, metteur en scène de Sylvie Joly pendant 10 ans, Sandrine Gelin déploie une énergie et un humour digne de son modèle. Elle interprète tous les personnages, souvent clownesques, caricatures masquées ou non, esquissées sans méchanceté. Le grossissement du trait provoque l’hilarité sans céder à la vulgarité. Posé sur une chaise noire, le boa rouge mythique de la mère de « Catherine » s’amuse devant une prestation presque circassienne !
François Boursier, qui a été le metteur en scène de Sylvie Joly pendant dix ans, dirige l’actrice avec délicatesse, dans des lumières caressantes, des sons rigolards. De ce choc de talents émerge une poésie délicate, d’une élégance discrète. À l’image d’une grande dame qui a ouvert, avec Zouc, le chemin de l’humour au féminin.
JEAN-LOUIS CHÂLES
C’est du Joly
Jusqu’au 21 juillet à 19 h (relâche le mardi)
Théâtre Pierre de Lune, Avignon