Les couloirs de l’Élysée grouillent de dames en escarpins, de messieurs en costume-cravate. Ils se croisent dans un tourbillon aussi rapide que vain. Le décor virtuel situe les lieux où se chuchotent quelques arrangements suspects, quelques conversations trop discrètes pour être honnêtes. Dans un cabinet on s’interroge : qui est donc ce mystérieux jeune homme toujours présent aux cérémonies officielles, cet inconnu souvent placé entre le président de la république et le ministre de l’intérieur ? De suppositions en déductions extravagantes, de fausses informations en affirmations aléatoires, la réputation de notre Léon Daim, désormais repéré par les services ad hoc enfle comme la grenouille mais ne crèvera pas, bien au contraire !
Félicien Marceau a composé en 1980 une fable réjouissante. Elle casse les murs des ministères, met à nu les ambitions de ceux qui s’y installent, prêts à toutes les compromissions pour conserver leur fauteuil, ou pour obtenir une faveur. Les spectateurs rient de bon cœur aux manigances de cet usurpateur qui, s’il n’a fait de tort à personne, se réjouit de détenir un pouvoir qui permet d’ouvrir des portes et des sympathies.
Christophe Lidon dirige tout son petit monde avec une dérision précise. Il frôle l’absurde avec légèreté, impose un rythme endiablé à une troupe de comédiens visiblement en pleine forme. Davy Sardou mène la danse avec une bonhomie dangereuse ; ses camarades endossent plusieurs rôles avec malice. On retrouve avec plaisir Muriel Combeau en sœur pot-de-colle, dotée d’un charme et d’une diction à toute épreuve. Le reste de la distribution est à l’unisson. On s’amuse beaucoup en essayant de ne pas trop réfléchir : le pire, c’est que ça pourrait être vrai.
JEAN-LOUIS CHÂLES
L’Ami du Président
Jusqu’au 21 juillet
Théâtre des Gémeaux, Avignon