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AccueilCritiquesBright Generation : Quand histoire et futur parlent aux jeunes 

Bright Generation : Quand histoire et futur parlent aux jeunes 

Les adolescents n'ont pas été oubliés par Bright Generation, Rencontre internationale du spectacle vivant pour l'enfance et la jeunesse. Retour sur deux spectacles : Harold : The Game donné au Zef et #Génération(s) au Théâtre Joliette

Le spectacle vivant destiné au jeune public a fait la preuve à Marseille, lors des rencontres internationales de l’Assitej, de sa grande créativité. Parmi le fourmillement de propositions passionnantes, on note un essor bienvenu des spectacles pour les ados et pré-ados. Une tranche d’âge ultra-sensible, qui mérite l’attention des artistes, d’autant que les données sur leur santé mentale montrent qu’elle s’est considérablement dégradée durant la période Covid, sans amélioration depuis. Au programme de Bright Generation, plusieurs pièces s’adressaient à eux de manière roborative.

Haro sur l’instrumentalisation de l’Histoire

Harold : The Game, rythmé en diable, façon plateau télévisé déjanté, est un spectacle pour les 10 ans et plus sur… la tapisserie de Bayeux, comme vecteur de propagande politique. À la demande du théâtre The Egg (Bath, Angleterre), la Cie rennaise Le Bob a travaillé sur la bataille de Hastings, gagnée par Guillaume le Conquérant en 1066, et imaginé un match truqué entre « rosbeefs » et « grenouilles ». Façon très piquante de revisiter l’Histoire, largement instrumentalisée dès l’origine à travers cette pièce de broderie de 70 mètres de long, peuplée de chevaliers héroïques (« avec une seule femme »).

Mais aussi de mobiliser l’esprit critique des spectateurs, sur les fake news contemporaines et leurs propres biais de supporters. Les jeunes marseillais, rodés au stade, ont pleinement joué le jeu. Lors du bord de plateau suivant la représentation, les échanges avec les artistes étaient nourris et fins, pour aborder la façon dont l’esprit partisan peut dériver violemment. Qui n’hésitait pas, dans le feu d’une compétition complètement truquée, à encourager les français molestant le pauvre personnage anglais, se retrouvait soudain face à sa responsabilité individuelle dans un phénomène de groupe. 

Futurs désirables

#Génération(s), à voir à partir de 12 ans, est lui aussi mené tambour battant par Bastien Molines, impressionnant comédien capable de porter une parole chorale, fruit d’un travail collectif de la Cie Le cri dévot auprès d’adolescent·es. Le résultat sent le vécu. En projetant dans le futur « les mondes intérieurs de toute une génération », la pièce aborde des sujets qui brûlent chaque adulte en devenir, quittant la planète plus ou moins rassurante de l’enfance. Ce voyage spatio-temporel nous entraîne dans les affres du doute sur les relations humaines, la sexualité, la difficulté à s’autonomiser, les parents, ces affreux bornés, le deuil, le consentement, l’éco-anxiété… Comment s’engager dans l’existence avec autant d’incertitudes ? 

#Génération(s) © Marc Ginot

Il faut puiser dans ses ressources vitales et celles de ses pairs, à un âge où tout soutien affectif compte double. La mise en scène a capté et mis en résonance l’intense énergie libidinale propre à l’adolescence et son cortège d’angoisses, sans jugement, pour la sublimer. Sur une bande son pulsante, dans un décor tout simple mais rendu subtilement évocateur par la lumière et les images de Paolo Sclar et Christophe Mazet, le cosmonaute lance son public vers la grande aventure de la vie. En n’omettant pas, là non plus, d’intégrer un sous-texte politique très actuel à l’exercice de prospective. Là où Harold : The Game s’appuyait sur l’Histoire pour parler du présent, #Génération(s) fait d’un futur pas si lointain, quand la température pour Noël sera de 25°C, et Donald Trump partira menotté entre deux agents, un retour réflexif sur notre temps. Une période où grandir est fort inconfortable, mais néanmoins passionnant, comme ces deux spectacles le soulignent particulièrement bien.

GAËLLE CLOAREC

Harold : The Game et #Génération(s) ont été vus les 26 et 27 mars au Zef et au Théâtre Joliette, dans le cadre des Rencontres de l'association internationale du théâtre pour l'enfance et de la jeunesse à Marseille.
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