mercredi 2 octobre 2024
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Chansons d’Arménie

Le trio Sayat était l’invité d’Avant le soir, une programmation estivale foisonnante dans les parcs des 1er et 7e arrondissements

18h30, jardin Benedetti. Ils sont déjà nombreux installés sur des chaises au cœur de cet écrin de verdure en surplomb de la mer. Il y a des fidèles comme Gérard : « À mon âge, je ne sors plus le soir. C’est une heure parfaite. Et puis, je n’ai pas de gros moyens à consacrer aux spectacles, alors ces représentations gratuites c’est super ». À quelques mètres, il y a Stéphanie. Elle est venue avec ses deux enfants : « C’est formidable d’écouter un concert en famille, au milieu des arbres et de découvrir des styles de musique que l’on ne connaît pas ». Avant le soir, est une programmation estivale qui se déroule dans les parcs du 1er et 7e arrondissements : le jardin Benedetti (7e), le square Bertie Albrecht (7e), le square Labadié (1er) et, depuis cette année, au Musée d’Histoire de Marseille. Les propositions – plus de quarante – sont éclectiques : danse, théâtre, musique. Elles ont été concoctées par Renaud Marie Leblanc, directeur de la compagnie Didascalies and Co. Il a convié cet après-midi-là le trio Sayat, composé de trois musiciens de l’Ensemble Télémaque « qui emportent dans un voyage entre classique, jazz et musique arménienne ». 

« Arménisation »
Les notes du violoncelle de Jean Florent Gabriel s’élèvent dans le jardin, rejointes par celles de cloches du percussionniste Christian Bini et du pianiste Nicolas Mazmanian. Le batteur donne le rythme sur lequel vient se poser l’instrument à cordes dont les pizzicatos fragmentés et les envolées dans les aigus transportent en Orient. En fermant les yeux, on imagine aisément un désert immense, un serpent qui ondule mais aussi des gens qui marchent, comme poussés par l’urgence. Cette urgence, c’est l’exode des arméniens, celui des familles de Nicolas Mazmanian et de Jean Florent Gabriel qui ont trouvé refuge à Marseille lors du génocide : « Le morceau porte le nom du village de mes ancêtres » explique ce dernier et « nous jouerons un peu plus tard Arabkir, du nom du lieu de naissance des aïeux de Nicolas ».  Si les instruments n’ont rien d’orientaux, les musiciens en restituent le style. Jean Florent utilise parfois le bois du violoncelle comme un tambour qu’il fouette et Christian rivalise d’imagination avec ses percussions. Montées en puissance exaltantes et retombées, comme des havres de douceur après une course éreintante, s’entrelacent. Cette tension dramatique, c’est un peu la marque de fabrique de Sayat qui enchaîne sur une nuit étoilée composition de Nicolas qui fait dialoguer piano et violoncelle dans un jeu de questions-réponses. Le trio conclut le concert avec une pièce de Claude Debussy, La mer, hypnotique dans son mouvement répétitif perpétuel que l’on a souhaité « arméniser » explique Nicolas Mazmanian dans un sourire. Le festival Avant le soir se poursuit tout l’été. Cerise sur le gâteau : chaque spectacle est précédé d’un prologue, une carte blanche confiée à de jeunes acteurs de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes et Marseille (Eracm). Ils écrivent leur texte le matin et performent l’après-midi dans de courtes prestations interactives et drôles. 

ANNE-MARIE THOMAZEAU 

Le concert a été donné le 9 juillet, jardin Benedetti (7e)

À venir
Les 19 juillet et 12 août au square Labadie 

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