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Château de Servières : Quand le dessin est radical

Dans le cadre de la 11e édition de la Saison du Dessin, Jean-Philippe Roubaud présente jusqu’au 14 décembre Didascalie 8, ...ex machina. Une exposition à découvrir au Château de Servières (Marseille)

Dans la foulée du salon international du dessin contemporain Paréidolie organisé par le Château de Servières le dernier week-end d’août, la Saison du Dessin s’est ouverte dans une trentaine de lieux partenaires entre Montpellier et Monaco. Un temps fort, jusqu’à fin décembre, consacré au dessin, « sous toutes ses formes » : une expression que l’artiste niçois Jean-Philippe Roubaud illustre avec son exposition Didascalie 8, …ex machina. Un ensemble de dessins et de pratiques du dessin, qui prend pour point de départ sa résidence de septembre à décembre 2023 au sein de la société locale de fabrication d’emballages Milhe et Avons, dans le cadre du dispositif initié par le ministère de la Culture « Art & Mondes du travail », pour s’élargir ensuite sur ses œuvres récentes.

Noir et blanc

C’est un artiste qui développe, depuis une dizaine d’années, une pratique au parti-pris radical : uniquement du dessin, en noir et blanc. Dessin dont il est un forcené et un technicien virtuose, qu’il pétrit de nombreuses références à l’histoire de l’art, en particulier à l’art flamand du XVe siècle. Le début du parcours présente une vidéo réalisée dans les ateliers de production de la société Milhe et Avon, plan fixe de 10 minutes sur un rouleau de papier qui se déroule mécaniquement, sur lequel il maintient machinalement un crayon, le temps de l’usure complète de la mine. Des rouleaux qu’on retrouve ensuite, à différents stades de déroulement, posés au sol, les uns sur les autres, sur lesquels l’artiste est intervenu avec de la poudre de graphite pour leur donner un aspect de billots de bois. Une façon d’engager le dessin dans une pratique sculpturale, tout comme les sacs de papier fabriqués par l’entreprise, présentés sur une étagère, sur lesquels il a dessiné différents espaces de consommation. 

Ombres et lumières

Dessin qu’il investit ensuite, entre fragilité et solidité, éphémère et durée, liens et cassures, délicatesse et brutalité, dans la céramique : urnes funéraires contenant des cendres d’événements (émeutes et barbecues), plaques de carrelage sur lesquelles on peut marcher, réalisé au crayon oxyde. Les mots, avec des citations de chansons de rap (C’est Marseille Bébé, etc…), écrites, comme des proverbes sur des assiettes kitsch, sur des représentations d’assiettes blanches brisées. La performance et la musique, où s’inscrivent sur une feuille blanche les traces d’impacts de baguettes de batterie. Le wall-drawing avec, réalisé in-situ, une chapelle, abritant des scènes de cataclysmes (bombardements de nuit en Ukraine et à Gaza…), dessinées à la gomme. La vie des Saint.e.s dans laquelle il ré-interprète les figures de Matthieu, Agathe, Anne, Christophe, Marthe, en dessinant les différents membres de sa famille. Et un rétable, posé sur une grande table à dessin blanche, allégorie dédiée au dessin, entre « praxis » et « théorie ». 

MARC VOIRY

Didascalie 8, ...ex machina
Jusqu’au 14 décembre
Château de Servières, Marseille

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