La pochette
« J’ai voulu ce disque nostalgique, suite au décès de mon ami Alain Paparone, juste avant la crise du Covid. J’avais utilisé ses toiles pour mes précédents albums. J’ai donc pris Autre Ciel en photo pour réaliser la pochette du disque. J’aime beaucoup la peinture en général : je me sens bien dans les musées et je trouve qu’on devrait y jouer plus souvent. On parle de couleurs, d’ambiances et de formes en peinture, et il en va de même en musique. »
Un enregistrement collectif
« Le premier morceau, Sur le papier, est parti d’une ligne de basse : je n’ai pas d’abord pensé harmonie. J’ai dit au saxophoniste (Gérard Murphy) de jouer librement car il est primordial pour moi que chacun garde sa liberté. Il a quelque chose de ces grands musiciens qui restent eux-mêmes en apportant quelque chose. Quant à Perrine Mansuy, au piano, elle a fini par proposer des accords coltraniens : c’est le troisième disque qu’on fait ensemble et l’aventure ne lui fait pas peur, jusque dans les formes libres. Bien souvent je compose à l’ordinateur, plus qu’au piano, que je ne connais pas vraiment même si je sais plaquer quelques accords : cela me permet de proposer des choses un peu complexes, des mélodies qui ne sont pas vraiment jouables ! Avec Gildas Etevenard, le batteur, on a beaucoup travaillé ensemble quand on tournait avec le saxophoniste Akosh Szelevény. Ce que j’aime bien chez les batteurs, c’est leur diversité, l’ouverture vers d’autres musiques que le jazz. Quand on est bassiste, il y a une très forte dimension humaine avec un batteur. Il faut éviter de parler. La batterie, c’est un instrument avec lequel il me semble difficile de dialoguer. »
Poétique, politique, organique
« Le choix des titres des morceaux relève souvent pour moi du jeu de mots : ils ne doivent pas être fermés mais poétiques, de façon à ce que chacun·e puisse se projeter dans la musique. Mesures populaires, par exemple, c’est une référence aussi bien à la musique mais aussi un peu à la politique. J’avais 16 ans en 1968. Je faisais alors des études à l’école de la marine marchande. Jeune hippie, je jouais un peu de guitare. J’ai entendu Barre Phillips et je suis entré en jazz par le free jazz avec son côté politique. Je me suis mis à la contrebasse, tout en m’inscrivant au conservatoire de Marseille, dans la classe de Guy Longnon, dans laquelle on devait composer. J’ai un esprit un peu mathématique : l’harmonie, quelque part, c’est de la physique, comme la vibration de la corde de contrebasse au-delà de l’aspect poétique que je recherche d’ailleurs principalement. Je travaille beaucoup à l’oreille et je recherche d’abord l’intériorité : j’ai un rapport très organique à la musique. »
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LAURENT DUSSUTOUR
Autre Ciel, de Christian Brazier
Avec Perrine Mansuy, Gérard Murphy et Gildas Etevenard
Label : L’Improviste
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