Chaque année, le festival Panorama propose une nouvelle destination à son public. L’an dernier, il était parti du côté du cinéma indépendant d’Amérique du Nord, cette année, on reste dans le Nord, mais en Europe. Avec pas moins de trente films dont trois avant-premières. Des rendez-vous pour les jeunes cinéphiles également, et, pour les moins jeunes, des conférences, et débats accompagnant les projections – toutes présentées par des spécialistes. Un voyage en septentrion jalonné de polars, de drames, de satires, de comédies… à découvrir du 15 au 24 novembre sur le territoire de Scènes & Cinés, à Miramas, Istres, Grans, Fos-sur-Mer…
Ouverture islandaise à Miramas le 15 novembre avec When the light breaks de Rúnar Rúnarsson. Entre deux couchers de soleil, un amour secret, un accident et un deuil à cacher au reste du monde : le réalisateur de Sparrows capte ici un drame intime traversé d’ombres et de lumières. La clôture sera finlandaise à Istres avec Maja, une épopée finlandaise de Tiina Lymi – invitée de cette édition. La réalisatrice adapte une saga-culte, et nous transporte dans une île isolée, à la suite de sa protagoniste, une femme de pêcheur pauvre dont la vie bascule.
Nord magnétique
Entre les deux, une riche programmation. « Dépaysement sauvage » sur les pas d’un prêtre danois dans le superbe Godland de Hlynur Pálmason. Plongée dans un cinéma social : pour suivre la dérive d’une jeunesse sans repères dans Les Belles Créatures de Gudmundur Arnar Gudmundsson . Pour imaginer la rencontre de deux solitudes sur fond de mutations économiques dans Le vieil homme et l’enfant de Ninna Pálmadóttir. Ou encore pour interroger la société danoise à travers un conflit dans le huis clos d’une école avec La Convocation de Halfdan Ullmann Tondel (Caméra d’or 2024). On retrouvera dans ce film Renate Reinsve,la comédienne de Julie en 12 chapitres du Norvégien Joachim Trier également programmé. Des films exprimant la toxicité de certaines relations et les malaises mijotant sous le vernis de sociétés policées et lisses : Mon parfait Inconnu de Johanna Pyykkö ou The Innocents d’Eskil Vogt.
Plusieurs focus sont proposés. Le cinéma suédois au féminin avec deux films des années 1960 signés Mai Zetterling : Les Filles (1968) injustement boudé et Les Amoureux (1966) virulente critique du patriarcat. Le polar nordique, véritable genre dans le genre, autour de Sons de Gustav Möller où vacille l’honnêteté d’une matonne se confrontant à l’assassin de son fils. Focus aussi sur une réalisatrice peu connue, Selma Vilhunen dont on découvrira deux longs métrages Amours à la finlandaise et Little wing. Et, enfin sur deux réalisateurs emblématiques : le Suédois multi primé Ruben Öslund qui étrille avec férocité et délectation le néolibéralisme dans Sans Filtre et l’image rassurante de la famille dans Snow Thérapy. Et le Finlandais Ari Kaurismäki aux accents chaplinesques, tendre, poétique, décalé et chaleureux. Un Panorama qui met en évidence les thèmes récurrents, les spécificités et l’universalité de ce cinéma nordique.
ÉLISE PADOVANI
Panorama
Du 15 à 24 novembre
Divers lieux, Bouches-du-Rhône
scenesetcines.fr
Retrouvez nos articles Cinéma ici